Chemin de fer Congo-Océan : Procès d'un crime colonial12/03/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/03/une2380.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Chemin de fer Congo-Océan : Procès d'un crime colonial

Une action en justice contre l'État et la société SPIE-Batignoles vient d'être lancée pour crime contre l'humanité.

En effet, de 1921 à 1934, la construction au Congo d'un chemin de fer reliant Brazzaville à la côte atlantique a été réalisée par le travail forcé de dizaines de milliers d'Africains, réquisitionnés de force par la puissance coloniale. Ce chantier coûta la vie à 17 000 d'entre eux. L'État français et les capitalistes privés ont perpétré ce massacre la main dans la main. Cette ligne de chemin de fer était destinée à permettre l'acheminement vers le port de Pointe-Noire, nouvellement créé, des richesses pillées à l'intérieur du continent par les compagnies coloniales : coton, minerai, latex, bois... Le chantier fut confié à la Société de construction des Batignoles, ancêtre de l'actuelle SPIE-Batignoles. C'est avec le sang des Africains que s'est ainsi bâtie une des grandes fortunes du capitalisme français.

La construction de cette ligne à travers l'enfer de la forêt congolaise dura treize ans et reposa sur le travail forcé de tous les hommes valides habitant les territoires traversés. Ils étaient raflés dans les villages et mis à la disposition de la société des Batignoles par les hommes du gouverneur. L'hécatombe causée par les conditions de travail fut telle que cet enrôlement dut ensuite être élargi à d'autres territoires, comme l'Oubangui-Chari, l'actuelle Centrafrique.

Sur le chantier, les manoeuvres africains étaient entassés dans des camps insalubres où les épidémies faisaient des ravages. Ils devaient se contenter d'une maigre nourriture, souvent uniquement des bananes. Les travaux étaient harassants. Il leur fallait porter des rails et des barils de ciment sur les sols marécageux. On estime que 127 000 hommes furent ainsi soumis à ce régime harassant. Un sur sept n'en revint pas !

Ce travail forcé meurtrier, au service des sociétés de travaux publics françaises mais aussi des compagnies forestières ou minières, dura officiellement jusqu'en 1946.

Voilà ce qui se cache sous ces fameux « liens historiques » entre la France et ses anciennes colonies dont nos dirigeants se gargarisent pour justifier leurs interventions militaires, quand ils ne glorifient pas « l'oeuvre bénéfique » de la colonisation.

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