Japon : Trois ans après la catastrophe de Fukushima, Les habitants doublement victimes12/03/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/03/une2380.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Japon : Trois ans après la catastrophe de Fukushima, Les habitants doublement victimes

Trois ans après le tsunami qui a frappé le Japon et causé la catastrophe de Fukushima, la population touchée reste toujours livrée à elle-même. Plus de 300 000 personnes ont fui la région après la catastrophe, abandonnant tout. 267 000 d'entre elles vivent toujours dans des habitats temporaires ou préfabriqués.

Après avoir vécu parfois pendant plus d'un an dans un gymnase, elles se sont ensuite retrouvées dans des logements précaires de 20 m² par famille, à peine la place d'étendre des matelas par terre pour dormir la nuit. Seuls 3 % des 30 000 logements indispensables promis par le gouvernement ont été construits.

Une partie des habitants ont tout perdu, en particulier ceux qui vivaient dans la zone rouge, aujourd'hui interdite d'accès car la plus irradiée. Marqués par les événements, les réfugiés souffrent de stress et de dépression et vivent dans l'angoisse de développer à l'avenir des cancers liés à l'irradiation. Les médecins constatent d'ores et déjà une montée des cancers de la thyroïde chez les enfants, sans mesurer encore l'ampleur du phénomène. Les réfugiés souffrent aussi parfois du rejet des populations des quartiers où ils ont trouvé refuge, qui craignent la contamination.

Dans la zone orange, où les habitants ont le droit de se rendre sans y dormir, la désolation règne : maisons à l'abandon, disparition des oiseaux et mort des arbres. Un certain nombre de ces villages vont devenir d'immenses dépotoirs où seront stockés les 28 millions de mètres cubes de déchets radioactifs que le gouvernement prévoit d'évacuer, pour tenter de décontaminer certaines zones irradiées.

Après avoir mis près de deux ans avant de définir une carte précise des zones irradiées, après avoir lanterné les évacués en leur promettant un retour prochain, le gouvernement en est maintenant réduit à tenter de les convaincre de revenir dans la zone la moins contaminée, dite zone verte. Mais il veut le faire à moindre coût. Alors qu'il avait promis le raclage des sols sur 30 cm de profondeur, il a réduit l'ampleur des travaux de décontamination en les limitant aux zones de culture et de résidence, avec juste un rayon supplémentaire de 20 mètres autour.

Pour beaucoup, il est totalement inenvisageable de retourner dans ces zones laissées à l'abandon depuis trois ans. Bien des parents refusent de faire courir des risques à leurs enfants car, même dans les zones moins contaminées, il est conseillé de leur faire porter en permanence un dosimètre autour du cou. Souvent, les personnes âgées sont les seules à accepter la perspective d'y retourner, dans l'espoir de pouvoir au moins vivre leurs dernières années là où elles ont toujours vécu.

Parmi les réfugiés, baladés par des promesses jamais tenues, monte le sentiment d'avoir été roulés par Tepco et le gouvernement. Celui-ci a trouvé sans difficulté des milliards de yens pour sauver Tepco de la faillite, il lui a sauvé la mise en assumant l'essentiel de la responsabilité et des coûts de la catastrophe nucléaire. Mais il a surtout montré que le sort des populations lui importe bien moins que la défense des intérêts des grandes entreprises du pays.

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