Venezuela : La droite anti-chaviste cherche à occuper la rue12/03/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/03/une2380.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Venezuela : La droite anti-chaviste cherche à occuper la rue

Depuis début février, la contestation dans la rue du régime chaviste s'est rallumée au Venezuela, commencée par une protestation d'étudiants dénonçant une agression sexuelle. La répression policière y a répondu, mettant ainsi le feu aux poudres.

Les manifestations étudiantes se sont multipliées, les affrontements avec la police aussi, faisant jusqu'à présent vingt morts et plus de deux cents blessés. Réticente au départ, l'opposition de droite s'est mise de la partie plus ouvertement. Et aujourd'hui le successeur de Chavez, Nicolas Maduro, loin d'avoir le crédit de son prédécesseur, peine à calmer le jeu.

La droite et les classes possédantes qui la soutiennent sont frustrées d'avoir dû céder la direction politique du pays aux partisans d'Hugo Chavez, il y a seize ans. En 2002-2003, avec le soutien de Washington, ils ont déjà tenté à deux reprises de le renverser par un coup d'État, sans succès. Au terme de ces affrontements, les dirigeants chavistes ont pris le contrôle de la rente pétrolière, en consacrant une part importante à des plans sociaux qui ont réduit la misère et les difficultés des plus déshérités. Jusqu'à présent, cela a assuré au mouvement chaviste le soutien des classes populaires. L'opposition, qui s'est ensuite essayée à le renverser par les voies électorales, l'a appris à ses dépens. Mais le décès de Chavez et l'arrivée de Maduro à la tête de l'État, élu il y a moins d'un an avec très peu de voix d'écart, leur a fait penser que leur heure était revenue.

La droite et la bourgeoisie ont des atouts dans leur jeu. Après 2003, les dirigeants chavistes, tout en poursuivant leurs plans sociaux, se sont contentés d'un compromis avec la bourgeoisie, qui a conservé l'essentiel de son pouvoir économique. Celle-ci ne se prive pas de spéculer sur les flux financiers au détriment du régime, mais aussi sur les importations, notamment alimentaires, ce qui lui permet d'organiser des pénuries.

Sur l'année écoulée, l'endettement du Venezuela s'est aggravé de 55%. Le remboursement de la dette dévore désormais 22% du revenu national, aggravant encore les pénuries. En outre, l'insécurité croissante reste un problème que ni Chavez ni son successeur n'ont su contenir. Cela alimente un mécontentement que l'opposition de droite cherche à réunir sous sa bannière. Elle y réussit avec une partie des classes moyennes, mais il semble que pour l'instant les classes populaires restent attachées au chavisme, du fait de son bilan social.

Les travailleurs et les classes populaires n'auraient pas intérêt à laisser la rue à l'opposition de droite. Si la politique de Chavez a comporté des concessions en leur faveur, elle ne leur garantit rien pour l'avenir. Elles aussi ont des revendications à satisfaire. Elles doivent d'abord compter sur leurs propres forces et sur leur combativité. Après tout, en 2002-2003, lors des deux tentatives de coup d'État, c'est parce que les habitants des quartiers populaires s'étaient mobilisés que celles-ci avaient capoté. Ils devront le faire de nouveau, non pour tirer les marrons du feu pour les dirigeants chavistes, mais pour eux-mêmes.

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