Harcèlement et violences sexuelles dans l'armée12/03/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/03/une2380.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Harcèlement et violences sexuelles dans l'armée

En novembre dernier, au centre militaire de formation professionnelle de Fontenay-le-Comte, en Vendée, une jeune femme, engagée dans l'armée pour une formation d'agent de restauration, était filmée nue sous sa douche par son sergent. Ayant porté plainte contre lui, cela lui a valu d'être traitée par la hiérarchie non en victime, mais en coupable, puisque le colonel l'a convoquée un mois plus tard pour la pousser à la démission. La jeune femme ne s'est pas laissé faire pour autant et vient de remporter une bataille juridique, puisque sa démission extorquée vient d'être invalidée par le tribunal administratif de Nantes.

Des affaires de ce type, et parfois bien plus graves car des viols ont eu lieu dans des casernes, l'armée française les cache autant qu'elle peut. Les femmes victimes de harcèlement et d'abus sexuels sont plus souvent mises à l'écart que leurs agresseurs ne sont condamnés. Les rares fois où l'armée ne peut faire autrement que d'ouvrir une enquête interne, ce n'est pas tant pour rechercher les coupables que pour tenter d'étouffer le scandale.

Comment s'en étonner, alors que les armées sont des institutions où le mépris des femmes, même lorsqu'elles portent l'uniforme, est dominant ? En période de guerre, les viols massifs sont souvent une arme utilisée pour terroriser les femmes, leurs familles et la population en général. En période de paix, les soudards s'y préparent, et pas seulement dans leur tête.

Ainsi, dans l'armée allemande en 2011, une femme sur deux se disait victime de harcèlement sexuel. L'armée américaine révélait qu'en 2010 un viol était commis en son sein toutes les trois heures. Mais jusqu'à présent rien ne filtre officiellement sur l'étendue des violences qui menacent les recrues féminines (15 % de l'effectif) en France. Il a fallu qu'un livre intitulé La guerre invisible - révélations sur les violences sexuelles dans l'armée française sorte en librairie le 27 février, pour que le même jour le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian demande l'ouverture d'une enquête interne.

Il faut bien, quand on est ministre, se donner l'air de faire quelque chose, alors que lui et les généraux qui l'entourent cherchent en permanence à ce que rien ne fuite. Ce n'est pas pour rien que l'armée française a été surnommée « la grande muette ».

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