Comme ses prédécesseurs, Hollande mène une politique de classe13/11/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/11/une2363.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Comme ses prédécesseurs, Hollande mène une politique de classe

Beaucoup, à droite comme à gauche, critiquent la politique du gouvernement en accusant Hollande d'indécision et de manque d'autorité. Même les psychologues s'en mêlent, expliquant les nombreux changements de pied de Hollande par « son enfance passée à faire le grand écart entre une mère de gauche et un père de droite ».

Il est ridicule d'allonger Hollande sur le divan du psychanalyste pour comprendre sa politique. Elle est celle de tout président de la République : elle vise à préserver le système capitaliste et la classe qui en profite, la bourgeoisie. Si Hollande donne l'impression de changer de discours en permanence et de ne pas savoir où il va, c'est qu'à la différence de la droite, il ne veut pas l'assumer ouvertement.

Les socialistes au pouvoir sont dans le double discours, coincés qu'ils sont entre les attentes de leur électorat et les attentes de la bourgeoisie dont ils sont les gestionnaires fidèles. Mais ils font la politique que le patronat leur demande.

Pour ArcelorMittal, Hollande a défendu Mittal malgré la pression en faveur de la nationalisation du site de Florange. Face à la fermeture de l'usine PSA d'Aulnay-sous-Bois, il a défendu la famille Peugeot contre les ouvriers qui se sont battus quatre mois.

Hollande a renié son engagement électoral de faire payer un peu plus d'impôt aux plus riches, en capitulant face aux « pigeons » et en annulant la taxe sur les résultats des entreprises. Mais il n'a pas reculé sur les impôts payés par les travailleurs. Sur la TVA, qui augmentera le 1er janvier prochain, le gouvernement ne recule pas, alors même que la TVA est l'impôt le plus injuste qui soit parce qu'il pèse d'abord sur les classes populaires. C'est une politique de classe, c'est un « cap » politique !

Hollande gouverne pour servir les intérêts des capitalistes ; il a été formé, sélectionné pour cela. On nous dit que nous sommes en démocratie et que la population choisit ses dirigeants, mais une série de filtres présélectionnent le personnel politique en fonction de son dévouement au système.

Pour être à la tête des grandes villes, des départements, des régions ou au gouvernement, il faut avoir montré patte blanche aux financiers et aux capitalistes. Il faut avoir fait la preuve de sa loyauté. De ce point de vue, il n'y a pas de différence entre Sarkozy et Hollande.

Si la situation a empiré avec Hollande, ce n'est même pas une question de différence de politique, car celles de Hollande et de Sarkozy se ressemblent comme deux gouttes d'eau. C'est que la crise économique s'approfondit et que les attaques du patronat contre la classe ouvrière redoublent d'intensité.

Chaque fermeture d'usine ou suppression d'emploi est une attaque de plus contre les travailleurs. Rien ne pousse par exemple Pinault, une des plus grandes fortunes du pays et actionnaire principal de La Redoute, à céder son entreprise en menaçant 700 employés à Roubaix, si ce n'est sa rapacité. C'est aussi pour faire plus de profits que Goodyear ne veut plus produire de pneus à Amiens et programme 1 173 licenciements.

Les ouvriers de FagorBrandt, Alcatel, de l'agroalimentaire en Bretagne, ne sont pas victimes de la crise : ils sont victimes de la voracité capitaliste. Car ces entreprises, que l'on nous présente comme en très grande difficulté, sont liées à des groupes d'actionnaires et à des banques qui continuent de s'enrichir. Leur interdire de licencier serait une mesure de salut public.

Sauf à y être contraint par une mobilisation massive des travailleurs, le gouvernement Hollande-Ayrault n'interdira pas au patronat de licencier. Il ne fera rien qui s'oppose aux intérêts des capitalistes. Il en est, au contraire, le complice et le serviteur fidèle.

Pour servir le patronat, surtout le grand patronat, le gouvernement lui a fait le cadeau du crédit d'impôt compétitivité, il a légalisé la flexibilité et le chantage à l'emploi, il s'est attaqué aux retraites et poursuit les coupes dans les services publics. Faire passer une telle politique comme étant favorable aux intérêts des travailleurs nécessite bien quelques hésitations et autres contorsions ! C'est le lot de tous ceux qui gouvernent et qui sont payés pour justifier et faire passer auprès de la population les mauvais coups décidés par les grands actionnaires et autres PDG.

Au-delà de la politique antiouvrière du gouvernement, les travailleurs doivent viser aussi ceux qui tirent les ficelles : la bourgeoisie, les licencieurs, les exploiteurs. Il leur faut se défendre contre les licenciements, contre la dégradation de leur pouvoir d'achat, contre l'aggravation de l'exploitation, contre les cadeaux faits au patronat qui se traduisent en nouveaux impôts pour tous.

Alors que les capitalistes leur mènent la guerre sociale, les travailleurs doivent lever leur propre drapeau, celui de la lutte de classe.

Éditorial des bulletins d'entreprise du 11 novembre 2013

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