Droit à l'avortement : Le retour en arrière13/11/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/11/une2363.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Droit à l'avortement : Le retour en arrière

« Un million de femmes se font avorter en France. Elles le font dans des conditions dangereuses en raison de la clandestinité à laquelle elles sont condamnées, alors que cette opération, pratiquée sous contrôle médical, est des plus simples. (...) Je déclare que je suis l'une d'elles. Je déclare avoir avorté. De même que nous réclamons le libre accès aux moyens anticonceptionnels, nous réclamons l'avortement libre. »

C'était en 1971, le Manifeste des 343. Quatre ans plus tard, grâce au combat des femmes, le droit à l'avortement était, enfin, inscrit dans la loi.

Mais aujourd'hui, quarante ans plus tard, et c'est le très officiel « Haut conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes » qui l'affirme dans un rapport remis au gouvernement, le recours à l'interruption volontaire de grossesse (IVG) reste pour bien des femmes « un véritable parcours de la combattante ».

Le rapport passe en revue les dysfonctionnements qui aboutissent dans certains cas à faire d'une IVG un chemin semé d'obstacles. Il accuse le manque d'information ou les difficultés d'accès à cette information, qui font par exemple que l'IVG médicamenteuse reste peu pratiquée. Il incrimine la clause de conscience invoquée par certains médecins ou gynécologues pour refuser de pratiquer des avortements. Et puis, aussi et surtout, il dénonce le manque de moyens et de personnels, et notamment la fermeture entre 2000 et 2011 de 130 établissements de santé pratiquant des IVG !

En conséquence, des femmes connaissent l'angoisse de ne pas pouvoir être prises en charge à temps. Certaines sont même contraintes, après avoir dépassé les délais légaux et si elles en ont les moyens, d'aller avorter à l'étranger. Comme autrefois, avant la loi. Parce que, pendant ces quarante ans, tous les gouvernements qui se sont succédé n'ont eu de cesse de faire des économies sur les budgets de la santé et de fermer des structures de santé, au prétexte qu'elles n'étaient pas rentables. Et cela au mépris des droits des femmes, qui ne les intéressent que les jours de discours ou d'inaugurations.

Remis à la ministre des Droits des femmes Najat Vallaud-Belkacem, le présent rapport affirme : « En faisant état des insuffisances du service public en matière d'IVG (...) les rapports se suivent mais les obstacles demeurent. » Certes, et il pourrait bien en être de même une fois encore.

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