JTEKT, Chevigny (Côte-d'Or) : Après le chômage, les heures sup'13/11/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/11/une2363.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

JTEKT, Chevigny (Côte-d'Or) : Après le chômage, les heures sup'

L'usine JTEKT (groupe Toyota) qui compte 720 salariés et produit des directions automobiles pour PSA, BMW, Mercedes et Smart, est passée en quelques mois du chômage partiel à l'embauche d'une centaine d'intérimaires et au travail des samedis en heures supplémentaires.

Pendant la période de chômage partiel, qui a duré trois ans, JTEKT a profité pleinement des aides de l'État, qui payait à 100 % les ouvriers qui chômaient deux ou trois jours par semaine, tout en maintenant des cadences élevées les jours travaillés, imposant trente minutes supplémentaires quotidiennes par équipe (le regain) et des samedis matin obligatoires. Ainsi on pouvait chômer lundi-mardi-mercredi et être en heures supplémentaires jeudi-vendredi et même samedi matin.

La fin de cette période de chômage, le 1er avril dernier, a coïncidé avec le démarrage de la nouvelle ligne pour PSA. La direction a voulu tout faire accepter aux salariés. Son premier objectif a été et est toujours d'accroître la productivité : en augmentant l'objectif quotidien à faire et en diminuant le nombre d'ouvriers par ligne. Ainsi, sur la ligne Mercedes, la productivité par opérateur a augmenté de 42 % en un an, de juin 2012 à juin 2013. À propos de la nouvelle ligne PSA, qui fonctionne avec 90 % de personnel intérimaire, trois postes ouvriers ont déjà été supprimés depuis son démarrage.

Au-delà de cette pression, depuis des mois les ouvriers n'ont cessé de vivre des chambardements incessants, comme si la direction était inquiète de laisser passer la moindre occasion de profiter de la peur du chômage qui pèse sur tout le monde. C'est comme ça qu'elle a bouleversé les congés pour faire tourner certaines lignes même l'été, qu'elle a rendu le travail du samedi systématique, imposant la récupération de ponts... alors que tout le monde avait posé des congés.

Pour « dégager du cash » pour la banque de Toyota, JTEKT a réduit la maintenance au minimum et a accéléré les cadences sur des lignes anciennes. Résultat : les machines ont craqué avant les hommes et les pannes se succèdent, parfois pendant plusieurs jours d'affilée. La direction a aussi supprimé le contrôle en fin de ligne et des milliers de directions Mercedes ont été livrées avec un défaut grave... avant de revenir à l'usine. Pendant des mois, la mode a été à la « désautomatisation », pour rendre manuelles des opérations faites auparavant par des machines tout en supprimant des postes.

Tous ces changements se sont accompagnés de pressions individuelles, de convocations, de sanctions parfois. Certaines équipes refusent le regain ou de revenir le samedi. D'autres salariés s'adressent aux Prudhommes.

Voilà une entreprise qui utilise à fond la crise pour tenter de tout faire passer auprès des travailleurs.

Partager