Île de La Réunion : L'illettrisme augmente, pas les moyens pour le combattre13/11/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/11/une2363.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Île de La Réunion : L'illettrisme augmente, pas les moyens pour le combattre

À La Réunion, sur une population de 850 000 habitants, 116 000 personnes sont illettrées, c'est-à-dire n'ont pas acquis ou ont perdu la maîtrise de la lecture, de l'écriture ou du calcul, bien qu'elles aient bénéficié d'apprentissages. Le taux d'illettrisme dans l'île est de 22,6 % alors qu'il est de 9 % en France. Parmi les illettrés 14 % sont des jeunes. Plus de 3 000 jeunes ne savent ni lire ni écrire, alors que beaucoup d'entre eux sont scolarisés.

Toutes les campagnes de sensibilisation et tous les plans mis en place par l'État, la région ou le département pour paraît-il lutter contre l'illettrisme, considéré comme un fléau, n'ont pas permis de le faire reculer. En 2010, Luc Chatel, alors ministre de l'Éducation nationale du gouvernement Fillon, s'était donné comme objectif de réduire le nombre d'illettrés de moitié sur cinq ans. Eh bien, trois ans plus tard la situation n'a pas évolué d'un iota !

La raison en est simple : face à l'ampleur du problème, l'État et les collectivités locales ne mettent pas les moyens nécessaires, voire les diminuent. C'est le cas pour le conseil régional, qui vient de réduire sa contribution financière au fonctionnement des « cases à lire », avec pour conséquence le non-renouvellement de douze contrats de formateurs.

Ces cases à lire, qui existent depuis juin 2011, sont aujourd'hui au nombre de 33 et sont toutes animées par des associations de quartier subventionnées par la région. Bien qu'insuffisantes, elles permettent à des personnes d'apprendre les rudiments de l'écriture et de la lecture qu'elles ne sont pas parvenues à acquérir sur les bancs de l'école, quittés trop tôt. Nombreux sont en effet ceux qui ont fréquenté l'école pendant moins de cinq ans, notamment parmi les moins jeunes.

Alors que, à La Réunion, la plupart des enfants, surtout ceux venant des milieux populaires, ne maîtrisent pas correctement la langue française à leur entrée à l'école, l'Éducation nationale ne crée pas les classes et les postes en nombre suffisant. La plupart des classes sont donc surchargées avec une moyenne de 27 à 30 élèves en cours préparatoire au lieu des 20 ou 22 demandés par les enseignants. Par manque de moyens et de temps, les enseignants ont de plus en plus de mal à suivre convenablement les élèves, en particulier ceux qui rencontrent des difficultés, et dans le même temps le réseau d'aide pour les élèves en difficulté (Rased) tend à disparaître.

L'apprentissage de la lecture et le suivi des élèves reposent donc de plus en plus sur les parents. Mais à part quelques-uns, qui à force de sacrifices parviennent à suppléer les carences de l'Éducation nationale, la plupart, en proie à leurs difficultés quotidiennes, en sont malheureusement incapables. Beaucoup d'enfants, de redoublement en redoublement, sortent alors du système scolaire en situation d'échec.

Ce sont de telles situations qui s'imposent aux enfants des travailleurs ainsi qu'à leurs parents. Et malgré leurs discours sur le sujet, les responsables à la tête du gouvernement et les décideurs locaux n'ont pas l'intention de les en sortir, trop préoccupés qu'ils sont à vouloir sauver en premier lieu les profits des capitalistes.

Partager