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- Lutte ouvrière n°2363
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Sages-femmes : « métier formidable, conditions fort minables »
Depuis le 16 octobre, 70 % des 20 000 sages-femmes sont en grève dans toutes les régions de France. Ce mouvement, à l'initiative d'un collectif regroupant des associations de sages-femmes et la CFTC, s'est développé suite à l'absence de mention de métier de sage-femme dans le projet de loi de santé publique 2014. Ce collectif a formulé trois revendications : reconnaissance des sages-femmes comme praticiens de premier recours dans le système de santé, incorporation de leur profession dans le statut médical avec un salaire correspondant (actuellement, le salaire d'une sage-femme débutante est de 1 615 euros brut et la grille salariale n'a pas été revue depuis plus de dix ans), autonomie de leur formation initiale.
Dans leur immense majorité, les sages-femmes se sont retrouvées dans un des aspects de ces revendications et ont rejoint le mouvement. Elles ne veulent plus être « invisibles et méconnues », elles veulent être « utilisées pour l'ensemble de leurs compétences et intégrer le statut hospitalier des professions médicales ». De fait, cette revendication d'intégration dans le statut médical est discutée depuis dix ans au niveau du ministère.
Entre 1990 et 2010, le nombre de sages-femmes a quasiment doublé. Aujourd'hui il est d'environ 20 000. Les trois quarts d'entre elles exercent dans les hôpitaux et leur domaine d'intervention s'est élargi. Outre le suivi médical de la grossesse (qui ne présente pas de risque particulier), elles doivent être capables de dépister les pathologies ou les situations à risque et alors prévenir un médecin. Elles assurent la pratique de l'accouchement, le suivi médical et les soins post-natals en ce qui concerne la mère et l'enfant. Depuis 2009, elles peuvent assurer les consultations de contraception et de suivi gynécologique de prévention. Elles peuvent pratiquer les échographies.
Si, depuis le début du mouvement, plusieurs assemblées générales parisiennes et nationales se sont tenues, la communication et les différentes propositions sont relayées par mails. Le 5 novembre, l'ensemble des chefs de service des maternités de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris ont apporté un soutien sans réserve à la manifestation des sages-femmes. Le lendemain, le collectif a été reçu par une quinzaine de députés membres de la commission des Affaires sociales et de la délégation aux Droits des femmes.
Le 7 novembre, c'est une manifestation dynamique de 6 000 sages-femmes, en exercice et étudiantes, qui s'est rendue au ministère de la Santé. Leurs pancartes exprimaient leur ras-le-bol : « Sages-femmes en hémorRAGEie », « Faut pas pousser », « Cigogne mais pas pigeonne », « Notre quotidien n'est pas rose layette », « Sage-femme ni sage ni soumise ».
Après la manifestation, le collectif fut reçu par Marisol Touraine qui affirma : « Je sais que vous êtes engagées dans un mouvement de grève, de demande de reconnaissance (...). J'entends parfaitement cette demande de meilleure identification, de votre rôle, de vos missions, à la fois dans la maternité, mais au fond dans le système de soins plus global. » Le collectif présenta comme une avancée cette première rencontre qui débouchait sur... une réflexion dans le cadre d'un groupe de travail. L'assemblée générale du soir en décida autrement et maintenait la grève, au moins jusqu'au résultat de la première réunion de ce fameux groupe de travail qui aura lieu le 19 novembre.
Une chose est sûre : c'est en maintenant la pression que les sages-femmes auront une chance d'obtenir satisfaction.