Procès de l'UIMM : Des délinquants en costume trois pièces17/10/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/10/une2359.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Procès de l'UIMM : Des délinquants en costume trois pièces

Le procès des détournements de fonds des caisses de l'UIMM est entré dans sa deuxième semaine. Comparaissent dans le box des accusés des messieurs peu habitués à répondre de leurs actes devant la justice, et surtout pour abus de confiance, travail dissimulé et destruction de documents.

Ces anciens dirigeants du puissant syndicat patronal de la métallurgie doivent justifier de la disparition de 17 millions d'euros, retirés en petites coupures pendant des années et dont il ne reste aucune trace comptable.

Le procès aurait pu ne jamais avoir lieu car l'UIMM, leur employeur, étrangement, n'a pas porté plainte. C'est la cellule du ministère des Finances chargée du blanchiment d'argent qui a mis les juges sur la piste. L'instruction a mis à jour l'existence d'une caisse patronale antigrève, créée dans les années 1970, dont les avoirs se montaient déjà à 600 millions d'euros en 2006. Dans leur travail d'enquête les juges ont découvert une vaste opération de « noircissement d'argent » : on savait d'où provenaient les fonds, mais on ne savait pas où ils allaient. Les prévenus ont prétendu au départ ne rien savoir, et n'avoir rien vu. Mais la comptable de l'UIMM a raconté aux juges comment elle se rendait tous les vendredis dans le bureau de son patron et, quand celui-ci le lui demandait, elle allait retirer jusqu'à 200 000 euros en liquide, qu'elle lui remettait ensuite.

L'ex-patron de l'UIMM, Gautier-Sauvagnac, a fini par céder quelques bribes d'informations. Il désigne aujourd'hui comme bénéficiaires des distributions d'enveloppes les syndicats ouvriers, accusation que ceux-ci dénoncent. Mais il avait plutôt évoqué dans un premier temps des « compléments de revenus » et surtout des sommes destinées à « fluidifier les relations sociales », parlant d'associations, d'intellectuels, de médias et d'hommes politiques.

Le procès ne fait que lever un coin du voile. Avec de l'argent, le patronat n'a pas de difficultés à trouver tout un petit monde pour lui rendre de menus services, parfois à la limite de la légalité, pour relayer sa bonne parole, mais aussi pour organiser des coups tordus, mettre en place des milices à sa solde, des syndicats maison ou payer des casseurs de grève.

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