Rejeter les serviteurs politiques de la bourgeoisie, du PS au FN17/10/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/10/une2359.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Rejeter les serviteurs politiques de la bourgeoisie, du PS au FN

La victoire du Front national à la cantonale de Brignoles confirme que ce parti est en train de renforcer son influence électorale. Le candidat FN l'a emporté parce qu'une fraction de l'électorat populaire, habituée à voter à gauche, s'est abstenue, mais aussi parce qu'une autre fraction des classes populaires a cru bon de voter pour le Front national afin de rejeter la politique gouvernementale.

Le candidat de gauche, représentant du PCF, a été éliminé au premier tour après avoir perdu plus de la moitié de ses électeurs. Et au second tour, toute honte bue, le PS et le PC ont appelé au « front républicain », c'est-à-dire à voter pour l'UMP. Après avoir désorienté et poussé dans l'abstention de plus en plus de travailleurs, le Parti socialiste est en train de démobiliser jusqu'à son électorat le plus fidèle.

Le gouvernement récolte les fruits de sa politique antiouvrière. Il récolte les fruits de ses capitulations et de sa soumission aux financiers, aux licencieurs comme ArcelorMittal, PSA, Alcatel-Lucent, Air France.

Il avait promis de taxer les riches, il a augmenté les impôts pesant sur les classes populaires. Alors qu'il était dans l'opposition, Hollande avait dénoncé la réforme des retraites de Sarkozy, et au pouvoir, il l'aggrave. Eh bien, il le paye, avec la colère et le rejet des travailleurs, des chômeurs, des retraités modestes.

Mais croire qu'il est possible de rejeter la politique antiouvrière du gouvernement et le cirque politicien en votant pour le Front national, c'est se tirer une balle dans le pied.

Que les candidats du FN soient des nouveaux venus au bal des prétendants ne les rend pas moins arrivistes. Que Le Pen n'ait jamais participé à aucun gouvernement n'en fait pas une candidate anti-système. Elle use de ficelles démagogiques grossières, prend la « défense de la veuve et de l'orphelin » – à condition qu'ils soient français –, mais elle ne vise qu'à aller à la mangeoire.

Le FN, s'il parvenait au pouvoir, gouvernerait au profit de la bourgeoisie, comme les Sarkozy et Hollande, comme ce fameux « UMPS » qu'il dénonce, mais il le ferait dans sa variante la plus autoritaire.

Le FN jette en pâture les travailleurs immigrés, qui sont une partie de nous-mêmes. Cela fait de ce parti un ennemi mortel pour les travailleurs.

Ceux, parmi les exploités, qui envisagent de voter pour le FN en se disant que « c'est juste pour donner un coup de pied dans la fourmilière » se trompent lourdement. Le vote FN pèsera peut-être, mais il pèsera dans le sens contraire aux intérêts des travailleurs.

Le vote FN sera interprété comme une critique du gouvernement sur sa droite, car les votes venant des pauvres se mélangeront avec ceux des pires réactionnaires, des petits patrons antiouvriers, des nostalgiques des colonies, de l'OAS, des racistes.

Voter FN, c'est demander une politique plus dure contre les chômeurs, C'est demander une politique dure contre les syndicats, dure contre les travailleurs qui veulent s'organiser et se défendre. Pour un travailleur, voter FN c'est tendre le fouet pour se faire battre.

Oui, il faut rejeter le gouvernement, mais il faut rejeter sa politique antiouvrière en mettant en avant les intérêts des travailleurs.

Pour faire reculer le gouvernement, il n'y aura pas de miracle, il faudra des luttes massives de la classe ouvrière. Mais quand l'occasion nous est donnée de nous exprimer dans les élections, il faut que les travailleurs l'utilisent pour exprimer une colère consciente contre la bourgeoisie et contre ses serviteurs politiques, toutes obédiences confondues, du PS au FN en passant par la droite et le centre.

Derrière le gouvernement, il y a le grand patronat. Il ne suffit pas d'exprimer sa colère contre les marionnettes, il faut viser aussi ceux qui tirent les ficelles, la bourgeoisie, les financiers, les actionnaires. Il faut viser les licencieurs, les exploiteurs, les parasites qui s'engraissent sur le travail de tous.

En plus d'exprimer une colère contre le gouvernement, il faut que les travailleurs affirment leur volonté de se défendre contre les licenciements, contre la démolition de leur pouvoir d'achat, contre l'aggravation de l'exploitation, contre les cadeaux faits au patronat, qui démolissent la Sécurité sociale, les retraites, les services publics.

Contre le système capitaliste qui ne promet que l'exploitation à vie et la régression sociale, les travailleurs doivent affirmer leur conscience d'avoir une lutte à mort à mener contre la bourgeoisie car, comme disait Marx, « l'émancipation des travailleurs sera l'œuvre des travailleurs eux-mêmes ».

Éditorial des bulletins d'entreprises du14 octobre

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