Des centaines de morts en Méditerranée : La politique meurtrière des dirigeants européens17/10/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/10/une2359.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Des centaines de morts en Méditerranée : La politique meurtrière des dirigeants européens

Le 3 octobre, une embarcation transportant 250 migrants a chaviré au large de l'île de Malte, faisant plus de 30 morts. Le même jour, douze naufragés ont péri au large d'Alexandrie en Égypte. Le directeur du Haut commissariat aux réfugiés s'est dit choqué de voir que « des Syriens, après avoir échappé aux bombes et aux balles, puissent périr en mer, alors qu'ils auraient pu demander l'asile en Europe ». Le 9 octobre, le président de la Commission européenne Barroso s'est rendu dans l'île de Lampedusa pour exprimer son émotion... accueilli à juste titre par des huées. Ban Ki-Moon, secrétaire général de l'ONU, lui, a réclamé « des mesures qui traitent les causes profondes » de ces naufrages.

Mais de qui se moquent-ils ? Comme s'ils ignoraient les choix des gouvernements et de l'Union européenne en la matière depuis près de vingt ans !

Dès 1997, l'Union, alors Communauté européenne, a décidé la limitation des déplacements au sein de la zone Schengen pour les demandeurs du droit d'asile et restreint leur accès à l'emploi, ainsi que le regroupement familial. Au conseil de Séville en 2002, la lutte contre l'immigration clandestine a été déclarée priorité absolue et l'aide au développement de plusieurs pays pauvres conditionnée à leur engagement à contenir les migrations. En 2004, un fichier unique de données, notamment d'empreintes digitales des migrants, a été institué au niveau européen. L'agence Frontex a été créée et chargée de surveiller les frontières européennes. Depuis lors, des accords de coopération ont été signés avec de nombreux États, du Maroc au Pakistan en passant par la Turquie, la Russie, l'Albanie, etc. L'Algérie a même promulgué une loi sanctionnant le « délit d'émigration illégale ». En 2008 encore, une directive européenne dite « Retour » facilita les procédures de renvoi des étrangers dans leur pays d'origine et aggrava les conditions de la détention provisoire avant reconduite à la frontière. Et tout cela sans compter les politiques nationales des différents États européens contre les immigrés.

Aujourd'hui encore, l'Union européenne n'envisage rien d'autre qu'un renforcement des moyens de Frontex pour surveiller ses frontières. Elle vient de voter la mise en œuvre du plan Eurosur, qui mettra à sa disposition de nouveaux drones, radars, satellites, caméras... Des dizaines de millions d'euros sont ainsi consacrés à combattre quelques dizaines de milliers de pauvres fuyant la misère et la violence des dictatures et des guerres.

Et pendant ce temps, le nombre des migrants laissant leur vie en Méditerranée ne cesse d'augmenter. Les représentants des grandes puissances peuvent bien verser des larmes de crocodile sur les victimes, faire semblant d'être indignés par le business des passeurs : plus les gouvernements européens verrouillent leurs frontières, plus ils mettent les migrants à leur merci.

Partager