Centrafrique : Hollande prépare une nouvelle guerre17/10/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/10/une2359.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Centrafrique : Hollande prépare une nouvelle guerre

François Hollande a fait adopter par l'ONU une résolution ouvrant la voie à une intervention militaire en Centrafrique. Il s'y activait depuis plusieurs mois, car si la France a perdu le contrôle de cette ancienne colonie mise à sac par des bandes armées, le gouvernement n'a jamais renoncé à la ramener sous sa coupe. Les soldats français n'ont pas quitté la capitale, Bangui, et plus précisément son aéroport, par où des renforts peuvent arriver à tout moment.

Lorsque le président Bozizé avait été renversé en mars 2013 par les rebelles de la Séléka, une coalition hétéroclite d'anciens chefs militaires, de politiciens déchus et de seigneurs de la guerre, François Hollande avait déclaré que la France n'interviendrait pas. C'est pourtant avec l'aide de l'armée française que Bozizé avait accédé au pouvoir dix ans plus tôt et s'y était maintenu face à plusieurs rébellions. Mais, devant son incapacité à contrôler quoi que ce soit dans le pays, le gouvernement français avait fini par le lâcher, comme avait été lâché avant lui son prédécesseur Ange Patassé.

François Hollande avait alors misé sur des négociations menées à Libreville, au Gabon, sous l'égide du dictateur congolais Denis Sassou Nguesso, grand ami de l'impérialisme français. Elles avaient abouti à la constitution d'un gouvernement de coalition entre Bozizé, la Séléka et l'opposition civile. Le leader de celle-ci, Nicolas Tiangaye, était nommé Premier ministre, Bozizé pouvait rester président jusqu'en 2016, et la Séléka avait des ministres. Par ce compromis, le gouvernement français espérait continuer à soumettre la Centrafrique à son influence en s'appuyant sur des politiciens comme Tiangaye, et aussi sur les troupes de ses alliés africains, le Tchad ou le Congo, présentes sur place. Mais, deux mois après ce compromis, la Séléka rompait le cessez-le-feu et s'emparait de Bangui, portant à la présidence son chef, Michel Djotodia. L'armée française, engagée dans l'intervention militaire au Mali, n'intervenait pas.

Depuis, les populations de Centrafrique, qui étaient déjà soumises aux pillages et aux rackets sous Bozizé, ont vu s'abattre sur elles une nuée de prédateurs. Les soldats de la Séléka se sont dispersés en une multitude de bandes de pillards n'obéissant à personne, arrachant aux cultivateurs et aux éleveurs leurs maigres biens, violant et tuant dans les villages où ils pénétraient. Des groupes armés venus des pays voisins prélèvent aussi leur part de butin. Les affrontements entre chrétiens et musulmans, s'accusant de soutenir l'une ou l'autre de ces bandes armées, sont devenus monnaie courante.

C'est en disant vouloir mettre fin à cette situation dramatique que le gouvernement français pousse aujourd'hui à une intervention militaire. Celle-ci serait dans un premier temps l'affaire de troupes africaines, sans doute sous couvert de l'ONU, selon un scénario semblable à celui prévu initialement pour le Mali, avant que l'offensive des djihadistes sur Bamako oblige l'armée française à intervenir directement. Le gouvernement français préfère évidemment que ce soient des Africains qui se fassent tuer pour défendre ses intérêts sur le continent. Mais, si cela ne suffisait pas, l'armée française serait prête à intervenir, et le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius a dès maintenant annoncé que ses effectifs à Bangui allaient être augmentés.

L'intervention qui se prépare n'a pourtant rien à voir avec la défense des populations de Centrafrique. Les habitants de ce pays ont pu mesurer depuis plus d'un siècle tout l'intérêt que l'impérialisme français leur portait, du pillage éhonté du temps des colonies au soutien des dictateurs sanglants qui, l'un après l'autre, ont amené le pays à l'état catastrophique où il se trouve aujourd'hui.

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