1983, la Marche des beurs : 30 ans après, la situation n'est pas meilleure17/10/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/10/une2359.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

1983, la Marche des beurs : 30 ans après, la situation n'est pas meilleure

Le 3 décembre 1983, des dizaines de milliers de personnes défilaient à Paris pour accompagner l'arrivée de la Marche des beurs. Sept semaines plus tôt étaient parties de Marseille une quarantaine de personnes, jeunes immigrés et militants d'associations, voulant dénoncer les inégalités et le racisme dont beaucoup de jeunes immigrés des quartiers populaires étaient victimes au quotidien.

Leurs pères étaient souvent venus pendant la période de croissance des années 1950-1960, se retrouvant dans les mines, les usines de la chimie ou sur les chaînes de l'automobile. Ils avaient quitté depuis peu les bidonvilles pour se retrouver dans les grandes cités HLM des banlieues. Le racisme dont ils étaient victimes quotidiennement de la part des petits chefs et des Dupont-la-joie bien français, leurs fils ne le supportaient plus. Contre des formations professionnelles au rabais, contre les difficultés déjà à trouver du travail, contre les contrôles policiers au faciès répétés et souvent violents, les jeunes immigrés des cités voulaient se faire entendre. Après des affrontements avec la police à l'été 1983 dans des cités de la banlieue lyonnaise, comme les Minguettes à Vénissieux, l'idée d'une marche pour l'égalité et contre le racisme était née.

Commencée dans l'indifférence à Marseille le 15 octobre, elle allait recevoir un soutien massif à son arrivée à Paris. Le président d'alors, Mitterrand, sentit tout le profit politique qu'il pourrait tirer en les recevant, au moment où la crise s'aggravait, et où son gouvernement apparaissait de plus en plus impuissant.

La marche eut au moins le mérite à l'époque de mettre sur le devant de la scène les problèmes auxquels étaient confrontés ces jeunes travailleurs issus de l'immigration. Mais, depuis, la crise économique n'a fait que ravager encore plus les quartiers populaires, rendant toujours plus difficile la vie dans les cités HLM, concentrés de chômage et de misère. Pour les jeunes travailleurs, encore plus pour ceux issus de l'immigration, l'emploi est devenu toujours plus rare et systématiquement précaire.

La promesse de la gauche gouvernementale de donner le droit de vote aux étrangers a été sans cesse repoussée. Le combat contre les discriminations, pour l'égalité des droits, continue donc. Mais c'est toute l'organisation sociale qui doit être mise en accusation.

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