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- Lutte ouvrière n°2359
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Guadeloupe : « épidémie de crimes », mais les vrais remèdes ne sont pas utilisés
Le procureur, les gendarmes, les dirigeants politiques rivalisent de déclarations sur les mesures qui pourraient faire diminuer cette violence. Police et gendarmerie réclament l'augmentation de leurs effectifs. Ils en ont déjà obtenu en partie. Manuel Valls, qui sera aux Antilles du 16 au 19 octobre, leur accordera-t-il ou non ces suppléments ? Quoi qu'il en soit, les augmentations d'effectifs policiers ne changeront rien. On l'a vu aussi à Marseille.
Il n'y a pas à chercher bien loin les raisons de la délinquance et de la criminalité en Guadeloupe. Le taux de chômage y est en moyenne de 22,9 %. Celui des 15-24 ans était au deuxième trimestre de 25,5 % en France métropolitaine, et... 57,6 % en Guadeloupe. Selon une étude du ministère de l'Éducation, la part des jeunes de 18 ans en difficulté de lecture atteint 33 % en Guadeloupe, dont 30 % en situation d'illettrisme.
Des chiffres, qui déjà en France métropolitaine sont bien trop importants, sont donc catastrophiques en Guadeloupe. Ils expliquent d'où viennent la criminalité et la désespérance des jeunes. Ces derniers partent du principe qu'ils n'ont plus rien à perdre dans cette société et préfèrent risquer leur vie ou la prison plutôt que de survivre dans la pauvreté et le chômage.
Alors, psychologues, sociologues, analystes, politiciens auront beau discourir et écrire sur ce « phénomène de violence », ils resteront de beaux parleurs dont les discours se perdront dans le vide. Du travail pour tous et en particulier pour les jeunes, des emplois durables et payés décemment, voilà ce qu'il faut, immédiatement et en urgence !
Tout récemment, il a suffi que les patrons du BTP bloquent les routes de Guadeloupe et manifestent pour qu'aussitôt on leur accorde toutes sortes d'exonérations fiscales et sociales. Alors, il faudra sans doute que ces milliers de jeunes chômeurs s'organisent en comités, qu'ils concentrent plutôt leur agressivité individuelle dans des manifestations collectives de colère contre cette situation sociale, pour qu'ils soient entendus et satisfaits.