Portugal, progression électorale du PC : Quelle perspective face à l'austérité ?17/10/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/10/une2359.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Portugal, progression électorale du PC : Quelle perspective face à l'austérité ?

Un des faits notables des élections municipales du 29 septembre au Portugal (voir Lutte Ouvrière du 4 octobre) est la progression des voix rassemblées par le PC portugais.

Il a été le seul parti à progresser par rapport à 2009, non seulement en nombre de mairies dirigées mais aussi en nombre de voix, et cela malgré 47,4 % d'abstentions. Avec 553 000 voix, soit 11,06 %, et 34 mairies, il fait mieux qu'en 2009 (540 000 voix, 9,75 %, 28 mairies), et retrouve à peu près ses résultats de 2005.

Ces voix sont bien celles du PC, même si comme d'habitude il ne se présentait pas sous son nom, mais dans une alliance avec le Parti vert : la CDU (Alliance démocratique unitaire). En fait ce Parti vert n'a pas d'existence en dehors de la CDU.

La progression du PC s'est vérifiée dans l'ensemble du pays, y compris dans toute la moitié nord, où il ne dirige aucune municipalité et est peu implanté. Il gagne 3 % à Lisbonne, progresse de 3 % dans le district de Porto, la seconde ville du pays, et de 2 % à Coimbra. De même en Algarve, dans l'extrême sud, il gagne la mairie de Silves à la faveur d'une triangulaire avec la droite et le PS et progresse de presque 5 % à Faro, la capitale régionale.

Sur la rive droite du Tage, côté nord, le PC gagne la mairie de Peniche et surtout récupère l'importante municipalité de Loures, en banlieue nord de Lisbonne, qu'il avait dirigée dans le passé.

C'est sur la rive gauche du Tage, côté sud, que se situent les zones d'implantation fortes et anciennes du PC. Dans la population ouvrière entre Lisbonne et Setubal, et dans l'Alentejo des grandes exploitations rurales, parmi les ouvriers agricoles, le PC conserve la direction de la majorité des municipalités, malgré une abstention qui dépasse souvent 60 %. Il obtient la majorité absolue à Setubal et Almada.

En Alentejo, il gagne sur le PS les deux capitales, Evora et Beja, ainsi qu'une dizaine d'autres mairies. À la faveur d'une division du PS local, il récupère même la mairie de Grandola, symbole de la révolution des OEillets de 1974 grâce à la chanson Grandola vila morena.

Le PC bénéficie visiblement du fait qu'il n'a aucune responsabilité dans la politique d'austérité qu'ont menée successivement le PS puis la droite, mais aussi de ce qu'il peut s'appuyer sur une implantation ancienne et solide dans la classe ouvrière urbaine et rurale. Le Bloc de gauche, classé à l'extrême gauche et qui dispose de huit députés au Parlement, s'est lui aussi opposé à l'austérité mais, faute d'implantation solide, il est passé de 3 à 2,4 % des voix, perdant la seule mairie qu'il dirigeait et échouant à faire élire un conseiller à l'exécutif de Lisbonne.

Cette relative victoire du PC témoigne de l'opposition populaire à l'austérité. Mais sa politique nationaliste, antieuropéenne et centrée sur les élections, n'en offre pas pour autant à la classe ouvrière une véritable perspective, à l'heure où il serait impératif de lui proposer un véritable plan de lutte contre une politique ouvertement menée en faveur des intérêts de la bourgeoisie.

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