Quand les salaires étaient indexés sur les prix06/02/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/02/une2323.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Quand les salaires étaient indexés sur les prix

L'indexation des salaires et des pensions sur les prix a existé en France pendant trente ans. Mise en place en 1952 par Antoine Pinay, un ministre de droite, elle fut supprimée dans les faits en 1982, quand Pierre Mauroy, Premier ministre dit de gauche, imposa le blocage des salaires, avant de l'être dans la loi un an plus tard.

En 1952, les prix à la consommation ayant bondi de 16 %, le gouvernement décida que le smig (salaire minimum interprofessionnel garanti, ancêtre du smic) serait indexé sur la hausse des prix chaque fois que l'inflation dépasserait 5 %, seuil ramené plus tard à 2 %. Par répercussion, cette indexation du smig sur l'inflation conduisait à une augmentation plus générale des salaires.

Par la suite, de nombreux accords d'entreprises ou conventions collectives ont comporté une clause d'indexation sur les prix. Certes, cela ne touchait pas tous les travailleurs puisque cette « échelle mobile » des salaires excluait le plus souvent les petites entreprises qui n'étaient pas liées par des accords. En outre, le calcul était loin d'être favorable aux travailleurs puisque, dans les quelque deux cents articles qui servaient de référence à l'indice des prix, se trouvait par exemple la balle de ping-pong, comme si chaque foyer avait une table de ping-pong dans le séjour de son HLM ! Enfin, les salaires n'étaient révisés qu'une fois l'année écoulée, alors que la population avait déjà dû supporter les hausses de prix.

Dans la réalité, si les salaires arrivaient à suivre le cours de l'inflation, c'était dû au rapport de force imposé par les travailleurs. C'était aussi une époque de plein emploi, où il était possible de quitter une entreprise qui payait mal pour aller dans une autre où les salaires étaient meilleurs, ce qui incitait plus les patrons à faire quelques concessions.

En mettant fin à l'indexation des salaires, dans le cadre d'un plan d'austérité, le gouvernement socialiste indiquait au patronat qu'il se plierait à ses désirs. C'était le début d'une longue série d'attaques contre le monde du travail.

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