Aménagement du temps scolaire : Plus ça change, plus c'est la même chose06/02/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/02/une2323.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Aménagement du temps scolaire : Plus ça change, plus c'est la même chose

Le ministre de l'Éducation nationale a fait passer, fin janvier, son projet de décret sur « l'aménagement du temps scolaire », visant à étaler les horaires des élèves des écoles primaires sur quatre journées et demie. Les communes seront chargées de faire appliquer la décision dès la rentrée 2013 ou, si elle leur paraît difficile à mettre en place, l'année suivante.

Peillon, loin de recueillir l'assentiment de tous les parents d'élèves et encore moins des enseignants, tente de se concilier les instituteurs en évoquant la possibilité de leur verser une prime annuelle de 400 euros.

Le ministre se défend qu'on puisse à ce sujet parler de « compensation ». Il n'y a selon lui rien à compenser à l'égard des instituteurs puisqu'il ne leur demande, dit-il, pas plus de travail dans le cadre de sa réforme des rythmes scolaires. C'est précisément ce que contestent la majorité des enseignants concernés qui vont devoir effectuer une demi-journée de travail - et de transport - supplémentaire, sans que les horaires des autres journées soient allégés puisque le temps de présence des enfants sera le même. La seule chose qui pourrait varier, c'est le contenu de ces horaires, où interviendraient précisément les communes pendant le temps de midi ou en fin d'après-midi, en fournissant par exemple des animateurs... si elles en recrutent.

En invoquant la chronobiologie, le ministre tente de faire taire les mécontents, parents et enseignants, qui contestent l'éventualité de rallonger une « pause » de midi qui n'en serait pas une, étant donné le manque de locaux et d'encadrants. Selon Peillon, il serait bien meilleur pour les enfants d'allonger la pause méridienne, de même que d'aller à l'école le mercredi et non le samedi. Or de cela il ne discute pas, même avec les intéressés qui auraient pourtant bien des choses à lui dire. Au passage, que les enseignants pères et surtout mères se voient obligés de trouver une solution, bien souvent payante, pour garder leurs propres enfants une journée de plus, cela ne mérite pas, pour le ministre, une « compensation » salariale.

Si son souci était vraiment l'intérêt des jeunes élèves, il lui faudrait, au minimum, recréer les 80 000 postes qui ont été supprimés depuis 2007. Mais de cela, il n'est pas question. Les annonces du gouvernement sont très en dessous des besoins. Quand Peillon dit vouloir créer pour les trois départements de l'académie de Créteil - la Seine-Saint-Denis, le Val-de-Marne et la Seine-et-Marne - 405 postes de plus dans les écoles primaires, c'est un faible rattrapage, compte tenu des 5 000 élèves supplémentaires attendus.

L'intérêt des jeunes élèves exigerait des classes bien moins surchargées, des enseignants en nombre, y compris des remplaçants, la possibilité de prendre, aussi souvent qu'il le faut, les enfants en tout petit groupe pour surmonter leurs difficultés. Mais pour cela, il faudrait embaucher massivement et définitivement des enseignants. Le bricolage de Peillon ne fera que des mécontents. C'est ce que disent ceux qui manifesteront et feront grève le 12 février, à l'appel de plusieurs syndicats, essentiellement dans le primaire.

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