Non à l'intervention française au Mali ! Areva au Niger : Un pillage qui dure06/02/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/02/une2323.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Non à l'intervention française au Mali ! Areva au Niger : Un pillage qui dure

Alors qu'il autorisait les forces spéciales françaises à protéger les mines d'Areva au Niger, le président de ce pays, Mahamadou Issoufou, vient de rappeler à quel point le trust français tirait profit de sa situation privilégiée dans cette ancienne colonie. « Le Niger reçoit du secteur de l'uranium à peine 100 millions d'euros par an. Cela représente 5 % à peine de notre budget. Ce n'est pas admissible », a-t-il déclaré.

L'uranium extrait de ces mines représente un tiers de la matière première nécessaire au fonctionnement des centrales nucléaires françaises. Mais Areva le revend aussi à ses clients étrangers et spécule sur le marché des matières premières.

Dès l'indépendance du Niger, les accords signés le 24 avril 1961 entre la France et le nouvel État comportaient en annexe une « clause d'approvisionnement prioritaire » sur les matières premières et les produits stratégiques. C'était la contrepartie de la protection militaire française. Cela permit à la Cogema, puis à Areva, d'acheter l'uranium nigérien à un prix bien en dessous du cours mondial. On estime qu'en cinquante ans la somme de vingt milliards d'euros a ainsi été perdue pour le Niger. C'est considérable, dans l'un des pays les plus pauvres du monde, dont le budget annuel n'atteint pas actuellement 2,5 milliards d'euros.

Seuls de rares présidents nigériens ont tenté d'obtenir un partage un peu plus équitable, à l'occasion de périodes où le cours de l'uranium explosait. En 1973, le président Hamani Diori avait émis l'idée de revoir les accords à la hausse. Il déclarait : « Le Niger pouvant contribuer à l'extrême nucléarité de la France, il serait normal que la France contribue de manière exceptionnelle au développement du Niger. » Il fut renversé par un coup d'État en pleine négociation minière dans la nuit du 14 au 15 avril 1974. L'armée française présente dans le pays ne bougea pas le petit doigt.

Aujourd'hui, les conditions de l'échange n'ont pas fondamentalement changé, même si les clauses d'approvisionnement préférentiel ont été abolies en 1977 et même si quelques timides augmentations ont été obtenues au fil des négociations minières. En 2005, suite là aussi à une flambée des cours, le président Tanja essayait de forcer la main à Areva en faisant jouer la concurrence avec des sociétés étrangères, chinoises en particulier. Il n'obtint un prix du minerai que de 80 dollars le kilo, alors qu'il se négociait à 140 dollars sur le marché mondial des contrats à terme ; les prix sur les marchés spéculatifs étaient eux beaucoup plus élevés. Aujourd'hui, le président nigérien Mahamadou Issoufou, par ailleurs ancien directeur d'une filiale d'Areva, est engagé dans un bras de fer avec le trust. Cela fait suite à la décision unilatérale d'Areva de ne commencer à exploiter la mine géante d'Imouramen qu'en 2014, au lieu de 2012 comme prévu dans le contrat initial, générant un manque à gagner important pour le pays, mais permettant à la compagnie d'attendre que le cours de l'uranium remonte. Au Niger, aujourd'hui comme hier, Areva fait ce qu'il veut avec le soutien des gouvernements français.

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