Lors de la visite de François Hollande au Mali le président Dioncounda Traoré a tenu à le remercier « au nom des femmes libérées de la prison obscurantiste » . Le président malien a même ajouté : « Merci pour toutes celles qui ne connaîtront plus l'humiliation des mariages forcés et multiples », sous-entendant que le régime en place au sud du pays offrait aux femmes une situation leur évitant en particulier les mariages forcés.

Rien n'est moins vrai ! Fin 2009, le président précédent, Amadou Toumani Touré (démis il y a quelques mois à la suite d'un coup d'État), avait tenté d'améliorer quelque peu le statut de la femme malienne en réformant le code de la famille. Il était prévu de remplacer le « devoir d'obéissance de l'épouse envers son mari » par le « respect mutuel des époux », de fixer l'âge légal du mariage à 18 ans au lieu de 15 ans, de séparer mariage civil et mariage religieux, la cérémonie religieuse ne pouvant avoir lieu qu'après le mariage civil.

Ces dernières dispositions visaient en particulier à rendre plus difficiles les mariages forcés. Mais la hiérarchie musulmane conservatrice s'est opposée à ces quelques avancées. Mobilisant ses troupes, elle a réuni plusieurs dizaines de milliers de personnes dans un stade de Bamako. Le régime malien a reculé. La nouvelle version du code de la famille, qui fait la part belle aux revendications des conservateurs, a finalement été approuvée par le Parlement en décembre 2011 et ratifiée en janvier 2012. Elle ne comporte pas moins de 49 articles modifiés par rapport au projet de départ et revient en arrière sur quasiment tous les points : la femme doit toujours obéissance à son mari, le mariage religieux a la même valeur que le mariage civil, l'âge minimal du mariage est seulement repoussé à 16 ans.

Si le régime instauré par les islamistes au nord du Mali a commis d'horribles exactions, tout particulièrement contre les femmes, cela n'en rend pas plus recommandable le gouvernement du sud, qui lui aussi maintient dans la soumission les femmes maliennes. Hollande ignore-t-il cette situation ? En tout cas, il n'en souffle mot.