PSA Aulnay-sous-Bois : La grève continue de plus belle06/02/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/02/une2323.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

PSA Aulnay-sous-Bois : La grève continue de plus belle

Après s'être poursuivie toute la semaine dernière, la grève a repris lundi 4 février. Ce jour-là, les grévistes se sont retrouvés aussi nombreux, entre 300 et 350, à 6 heures devant les grilles pour accueillir les cars. La direction a donc été incapable de redémarrer la production à l'usine. La grève ne faiblit pas – le nombre de grévistes enregistrés a dépassé les 480 – et la détermination gagne chaque jour en force.

Une grève que la direction n'arrive pas à briser

Toute la semaine, une centaine de vigiles sont restés sur le parking de l'usine. Averti de multiples fois sur cette présence parfaitement illégale, le préfet a laissé faire. La direction a aussi organisé des groupes de cadres à l'intérieur de l'usine pour suivre les grévistes et tenter d'empêcher les discussions avec les autres travailleurs. Les vigiles comme les cadres n'étaient pas là pour faire redémarrer les chaînes - ils en sont bien incapables - mais pour créer une tension qui puisse faire dégénérer la situation. C'est la conscience des grévistes qui a permis d'éviter les affrontements.

Finalement la campagne d'insultes et de calomnies de la direction se retourne contre elle. À force d'essayer de faire croire que régnait une ambiance de guerre civile dans l'usine, elle a convaincu bien des salariés des autres sites de ne pas venir à Aulnay. Même des chefs et des cadres ne sont plus volontaires pour venir faire pression sur les grévistes.

La grève s'organise

De leur côté, les grévistes continuent de s'adresser à l'ensemble des salariés de l'usine. Vendredi, certains sont allés offrir le café aux intérimaires et aux non-grévistes. Les discussions se poursuivent pour convaincre de rejoindre la lutte. Des moniteurs ont refusé les ordres de la direction de faire travailler les intérimaires, car ils étaient conscients qu'elle ne cherchait qu'une nouvelle forme de provocation. Ainsi, les grévistes ont le soutien de travailleurs même non grévistes. Ce qui permet d'ancrer la grève et de poursuivre la lutte.

Chaque jour, les travailleurs en lutte se retrouvent « place de la grève » dans l'usine. Ils discutent et prennent leurs décisions collectivement en assemblées générales. Et cela malgré la présence de dizaines de cadres envoyés en groupe par la direction pour impressionner les grévistes, mais qui au fil des jours ressemblent plus à des pots de fleurs inutiles et fanées qu'à des commandos terrifiants.

Le comité de grève s'active pour organiser les initiatives dont la lutte a besoin, en particulier les actions visant à populariser la grève et à alimenter la caisse de grève. Les grévistes continuent à aller aux portes des autres entreprises, dans les centres commerciaux et les gares pour discuter avec les salariés des combats à mener en commun et pour faire appel à la solidarité financière.

De toutes parts, la solidarité du monde du travail s'exprime - sous la forme de textes de soutien ou de témoignages de sympathie - et renforce le moral des grévistes. La caisse de grève se remplit avec les chèques de centaines de personnes, mais aussi les apports des mairies sollicitées par les grévistes.

Lundi 4 février, la reprise de la grève a donné lieu à un véritable banquet organisé par celui que les grévistes appellent « le magicien », qui permet à tous de manger ensemble depuis deux semaines. Des grévistes ont aussi fabriqué des pâtisseries et, la musique aidant, l'ambiance est restée festive toute la journée. Mais personne ne comprend pourquoi les cadres, à qui pourtant les grévistes font écouter de la musique toute la journée - un peu fort paraît-il - ne veulent pas danser.

« On est des ouvriers, pas des casseurs. Les casseurs ce sont les patrons »

La direction a fait porter plainte contre huit militants de la grève au moins. Ceux-ci sont convoqués par la police sous prétexte d'agression contre un huissier... qui n'a déclaré aucun jour d'ITT et se pavanait à l'usine en pleine forme après sa prétendue agression. En fait, la direction de PSA embauche des huissiers dans le seul but de leur faire déposer plainte contre les grévistes. Mais le dossier reste ridiculement vide si on écarte les mensonges de la direction. Vendredi 1er février, 450 grévistes et militants syndicaux du département se sont rassemblés devant le commissariat de Bobigny, où étaient convoqués deux grévistes, pour protester contre ces plaintes qui ne visent qu'à tenter de briser la grève et dénoncer la complicité avérée du gouvernement. Mardi 5 février, une nouvelle réunion de négociation était prévue au siège de PSA. Pendant ce temps, la direction de l'usine avait convoqué quatre militants de la grève à des entretiens en vue d'un licenciement. Pour beaucoup de travailleurs, cela ressemblait à un nouvel exemple de « dialogue social exemplaire ». Dès le matin, près de 300 grévistes avaient fait une haie d'honneur pour accompagner le premier sanctionné, question de bien montrer à la direction qu'ils ne veulent en aucun cas accepter ces licenciements.

La solidarité s'exprime pour cette lutte qui ouvre la voie

Mardi 5 février, un meeting de soutien était prévu sur le parking de l'usine, pour répondre à la campagne de calomnies de la direction et aussi pour faire pression sur le gouvernement afin d'arrêter les procédures judiciaires contre les militants de la grève. Nombre de personnalités politiques et de représentants de syndicats, Renault, PSA, Air France, Goodyear, Faurecia, etc., sont venus apporter leur soutien et affirmer la nécessité d'un combat commun. Mais la direction, en accord avec le préfet, a interdit le meeting sur le parking. Il s'est donc tenu sur le boulevard devant l'usine. Et tous les participants ont pu constater la présence des nervis de la direction. Des dizaines de vigiles en uniforme noir se tenaient le long des grilles, comme si les personnalités invitées étaient de dangereux délinquants. Pour venir participer au meeting, les travailleurs devaient donc franchir un premier cordon de cadres puis un second cordon de vigiles. Plus besoin de se demander qui fait régner la terreur dans cette usine. Mais même cela n'a pas empêché des non-grévistes de se joindre au mouvement pour la journée. C'était une façon pour ces travailleurs d'exprimer leur désaccord avec les méthodes de PSA.

La poursuite de la grève inquiète la direction de PSA. Elle ne parvient pas à briser les grévistes, à les isoler et à faire reprendre le travail. Au-delà du seul arrêt de la production des C3, ce que craignent la direction et le gouvernement c'est une possibilité que le mouvement s'amplifie. En effet, tous les travailleurs de l'automobile sont attaqués de la même façon par les accords de compétitivité - qui sont des accords de surexploitation - et par les suppressions d'emplois. Les débrayages à Renault montrent d'ailleurs que tous les travailleurs de l'automobile sont concernés.

C'est pour cela que le gouvernement s'acharne, d'un côté à aider la direction de PSA à combattre les grévistes d'Aulnay, et de l'autre à convaincre les travailleurs de Renault, de Goodyear et autres, qu'il faut « mettre de l'eau dans son vin », comme l'affirme Montebourg. Pour quelqu'un qui n'a pas d'autre objectif que de servir la soupe au patronat, ces appels à la résignation ne sont pas surprenants.

Mais en attendant, la voie ouverte par la lutte des travailleurs de PSA, loin de toute résignation, est celle d'un combat collectif contre les attaques du patronat.

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