Logement : L'inaction du gouvernement face au marché de l'immobilier06/02/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/02/une2323.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Logement : L'inaction du gouvernement face au marché de l'immobilier

« On ne résoudra pas la crise du mal-logement, si nous ne construisons pas massivement du logement, dans les zones qui en ont besoin », a réagi la ministre du Logement, Cécile Duflot, au rapport annuel de la Fondation Abbé-Pierre sur le mal-logement.

Au-delà des discours, l'action du gouvernement est dérisoire. Son objectif déclaré est de produire 500 000 logements par an, dont 150 000 logements « sociaux », avec un loyer accessible, ce qui est bien loin de correspondre aux demandes des quelque 3,6 millions de personnes mal logées ou sans logement. De plus, cet objectif relève davantage du voeu pieux que d'une décision budgétaire. « Nous devons mobiliser les collectivités locales, nous devons mobiliser les investisseurs privés », a poursuivi Cécile Duflot, s'abstenant d'évoquer le rôle de l'État, dont le désengagement se poursuit. Le budget consacré au logement représente actuellement 1,22 % du produit national brut, contre 1,34 % il y a quelques années. L'effort auquel sont contraints les ménages pour se loger a, lui, augmenté. Même en tenant compte des aides au logement pour ceux qui les perçoivent, la part du loyer continue de croître. Pour plus d'un million de ménages, elle dépasse le tiers de leur budget, ce qui diminue d'autant ce qui reste pour vivre.

Cependant, le logement, ou plus exactement l'immobilier, n'est pas une catastrophe pour tout le monde, en tout cas pas pour les promoteurs dont les marges de rentabilité dans un programme de construction de logements se situent entre 8 et 12 %. C'est ce qu'affirme Benoist Apparu, qui fut ministre du Logement sous Sarkozy. Selon lui, il appartient aux collectivités locales de négocier cette marge, mais surtout pas à l'État d'intervenir en la matière. L'action du gouvernement socialiste ne contredit pas l'ancien ministre : il n'est pas question de toucher aux bénéfices des promoteurs, pas plus qu'à ceux des trusts de la construction. Le marché de l'immobilier fait la loi. Or, celui-ci est dans les basses eaux et loin des 500 000 logements annuels annoncés comme objectif par le gouvernement. Ce chiffre n'a d'ailleurs été atteint qu'en... 1975. Depuis quelques années, il oscille entre 350 000 et 420 000, dont environ un dixième seulement correspond à des logements de type HLM, parmi lesquels une proportion de plus en plus faible correspond à un loyer accessible au plus grand nombre.

Ainsi, la crise du logement s'aggrave et le gouvernement tourne le dos à une intervention de l'État pour construire directement, à prix coûtant et en embauchant les travailleurs nécessaires, les logements qui manquent.

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