La grande distribution prétend être, de tous les secteurs d'activité, celui qui crée le plus d'emplois : plusieurs dizaines de milliers par an. Mais ces chiffres masquent une double réalité.

Tout d'abord celle d'un important turn-over des effectifs dû en particulier à l'embauche de très nombreux salariés à temps partiel, contraints d'accepter des salaires réduits, de quelques centaines d'euros par mois. Parmi eux, une grande majorité de caissières. Et puis, comme partout ailleurs, les effectifs de la grande distribution sont en diminution : moins 2,6 % en 2011 toutes enseignes confondues, soit l'équivalent de 8 000 emplois supprimés. Chez Carrefour où a été annoncée fin 2012 la suppression de 533 postes administratifs, c'est près de 10 000 postes qui ont été supprimés sur les trois dernières années, 14 000 chez Auchan.

Pourtant le nombre de grandes surfaces ne diminue pas, il augmente au contraire. Mais dans chaque magasin, tout est recalculé pour qu'un vendeur puisse travailler sur plusieurs rayons à la fois. Tout est prétexte à restructurer et réduire le personnel. Ainsi, chez Auchan, mais c'est également vrai ailleurs, la réduction des surfaces occupées par l'électroménager, la téléphonie ou la vidéo est à l'ordre du jour. En cause, la hausse des ventes sur Internet et la baisse des ventes en magasin. Mais les enseignes qui se plaignent de la concurrence d'Internet créent elles-mêmes leurs propres sites de vente sur Internet ou rachètent des sites existants comme Casino avec C-Discount ou Système U avec Télémarket. Et elles multiplient les ouvertures de plates-formes appelées « drive » où le client vient chercher les produits qu'il a commandés sur Internet. Et si ce sont là des achats en moins en magasin, c'est du chiffre d'affaires et des profits en plus pour les propriétaires des enseignes, classées chaque année parmi les plus grandes fortunes du pays. Bernard Arnaud, patron de LVMH et principal actionnaire de Carrefour, est même en tête du tableau, tandis que la famille Mulliez, propriétaire entre autres d'Auchan, est en seconde position.

Cet argent qui coule à flots dans les coffres-forts des capitalistes de la grande distribution est le produit du travail des salariés. Il y a donc là de quoi largement puiser pour augmenter les salaires de ceux qui travaillent, maintenir tous les emplois et même embaucher autant que nécessaire pour que le travail se fasse dans des conditions satisfaisantes pour tous.