Argentine : Usuriers petits et grands06/02/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/02/une2323.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Argentine : Usuriers petits et grands

En décembre 2001 l'Argentine, incapable de faire face à la crise financière, se déclara en faillite. Les grandes institutions financières internationales, plutôt que d'interrompre totalement des relations profitables avec un débiteur, acceptèrent alors de renégocier cette dette. Les trois quarts de celle-ci furent mis de côté et le reste étalé. À l'extérieur, le FMI garantissait la procédure ; à l'intérieur, les travailleurs argentins, malgré leur résistance, le payaient par une baisse brutale et profonde de leur niveau de vie. La question fut donc résolue sans douleur pour la finance internationale.

Depuis, quoique « interdite bancaire » sur le marché financier international, sauf pour payer les échéances de sa dette restructurée, l'économie argentine a quelque peu remonté la pente. C'est alors qu'ont ressurgi les créances qui n'avaient pas été renégociées en 2001. Complètement dévalorisées à cette époque, où aucun banquier n'aurait accepté de prêter à l'État argentin et encore moins d'acheter un quelconque titre de dette du pays, elles avaient été rachetées pour un dixième de leur valeur par deux fonds spéculatifs américains.

Les « fonds vautours » tentent maintenant de se les faire payer plein pot, augmentées des intérêts sur dix ans, soit 1,3 milliard de dollars. Mieux, ou pire que cela, ils ont obtenu un jugement favorable d'un tribunal de New York, et font saisir des biens publics argentins pour se payer. Des huissiers se sont ainsi présentés pour arraisonner le bateau école de la marine argentine, à l'escale en Afrique, ou l'avion officiel de la présidente.

Ironie du système, les fonds vautours exigent d'être payés au même titre que les créanciers sanctuarisés par l'accord de 2001, menaçant ainsi l'Argentine, incapable de payer tout le monde, d'une nouvelle crise dont les travailleurs feraient à nouveau seuls les frais et, au-delà, menaçant le système financier international déjà déstabilisé d'une nouvelle secousse.

Des armées d'avocats payés au prix de leur extrême compétence amoncellent des montagnes de dossiers pour savoir qui a le droit de pressurer les travailleurs argentins, et dans quelles proportions. Cela se discute entre leur propre bourgeoisie, les grands groupes mondiaux au travers du FMI, ou bien les fonds vautours. Et bien sûr personne ne remet en cause ce droit criminel qui s'exerce contre les populations.

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