Michelin -- Clermont-Ferrand : Accidents du travail et méthodes frauduleuses07/03/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/03/une-2275.gif.445x577_q85_box-0%2C10%2C169%2C230_crop_detail.png

Dans les entreprises

Michelin -- Clermont-Ferrand : Accidents du travail et méthodes frauduleuses

Une procédure judiciaire concernant les déclarations d'arrêt de travail est en cours pour l'une des usines clermontoises de Michelin. Tandis que la direction nie la suspicion de fraudes, des travailleurs acceptent de témoigner publiquement pour dénoncer les pressions de toutes sortes subies pour ne pas être en arrêt de travail suite à un accident.

Ces pratiques ne sont pas nouvelles et l'on sait qu'il en est de même dans les autres sites du groupe, comme dans beaucoup d'entreprises. Les militants CGT Michelin ont alerté maintes fois l'inspection du travail, tant à Bassens près de Bordeaux qu'à Cholet et à Clermont-Ferrand.

En septembre 2011, le parquet de Clermont-Ferrand a décidé d'ouvrir le dossier et depuis plusieurs semaines une enquête est ouverte. Des policiers de la sûreté urbaine interrogent des ouvriers de l'usine des Gravanches, ex-SODG, où il y aurait plusieurs dizaines de cas suspects.

Dans de multiples cas d'accidents, les travailleurs ont été dissuadés de s'arrêter, même quand leur médecin leur prescrivait des jours d'arrêt. La hiérarchie a multiplié les pressions, soit pour qu'ils acceptent de revenir au travail sur un poste aménagé, soit de rester chez eux en percevant leur salaire, évitant ainsi de déclarer un accident « avec arrêt de travail ».

Cette opération est très rentable pour l'entreprise. En effet l'employeur doit verser à la Sécurité sociale des pénalités financières en fonction du coût réel des accidents. En cas d'arrêt, ces pénalités sont de l'ordre de 1 000 euros par jour et par salarié. Minimiser le nombre de déclarations avec arrêt permettrait ainsi d'économiser des sommes très importantes. Ce qui correspondrait à une fraude massive à la Sécurité sociale de plusieurs millions d'euros.

Il n'est donc pas étonnant que la firme ne supporte pas que de telles méthodes soient dénoncées dans les médias. Dans la presse et par une note interne, la direction affirme que les accusations portées par des journalistes seraient fausses. Elle prétend qu'il n'y a pas de système de fraude, se vantant même de « l'amélioration spectaculaire » de la sécurité au travail dans le groupe.

Mais la réalité vécue par les travailleurs est tout autre. Les accidents restent fréquents, notamment à cause de la course à la productivité et des économies sur l'entretien des machines.

Michelin a affiché une hausse de 39 % de son bénéfice net en 2011, soit 1,46 milliard d'euros. Ces profits sont réalisés par l'augmentation des cadences et en ruinant la santé des salariés, mais aussi en minorant le nombre d'accidents de travail déclarés.

Malgré les risques encourus, des travailleurs ont osé témoigner publiquement. Les différents reportages et articles de journaux ont entraîné beaucoup de discussions dans les usines. Alors que depuis des années les pressions et les sanctions se multiplient dans tous les secteurs, nombre d'ouvriers se sont réjouis de voir ainsi dévoilées les méthodes de Michelin : cette fois, c'est le patron qui est mis en accusation.

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