François Hollande et l'oeuvre sarkozienne : Surtout, ne pas changer07/03/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/03/une-2275.gif.445x577_q85_box-0%2C10%2C169%2C230_crop_detail.png

Leur société

François Hollande et l'oeuvre sarkozienne : Surtout, ne pas changer

Si, ces dernières années, le Parti socialiste a pourfendu certaines lois promulguées par Sarkozy, à l'approche de la présidentielle, le candidat François Hollande et ses lieutenants semblent oublier ce qu'ils critiquaient il y a peu encore. Ce qui domine chez eux est la volonté de ne pas trop défaire ce qu'a fait Sarkozy, et même de ne pas rompre avec sa politique.

Par exemple, « Je ne peux pas promettre une augmentation de salaire », a déclaré Hollande interrogé lors de l'émission de TF1 Parole de candidat, ce qui veut dire qu'il la refuse. Même son de cloche au sujet du smic : « Je convoquerai une conférence sociale au lendemain de l'élection présidentielle avec les partenaires sociaux (...) et nous aurons à discuter, notamment, du coup de pouce sur le smic et des salaires. (...) Tout cela dépendra aussi de la situation économique. » Surtout pas de promesses. La modification de l'indexation du smic, qui le maintient à un niveau très bas, n'est même pas envisagée.

De même, sur le problème de l'emploi, aucune mesure contraignante n'est prévue, les facilités accordées aux patrons licencieurs ne sont pas remises en cause. En ce qui concerne le personnel de l'État, c'est-à-dire les fonctionnaires, les territoriaux et les hospitaliers, Hollande ne remet pas en cause le principe de la révision générale des politiques publiques (RGPP), qui oblige l'État à faire des économies sur ses salariés par le non-remplacement d'une partie des fonctionnaires partant à la retraite. Il promet simplement « d'en finir avec la RGPP aveugle », ce qui ne signifie rien mais lui permet de rester imprécis quant à la proportion des non-remplacements.

En ce qui concerne la retraite, sujet qui a mobilisé des centaines de milliers de salariés en 2010, Hollande a précisé ses intentions : la réforme dans ses grandes lignes sera maintenue, en particulier avec la mesure la plus pénalisante, l'augmentation du nombre de trimestres. Ce n'est qu'à la marge qu'il envisage quelques assouplissements. Mais, de précisions en précisions -- pour les salariés ayant commencé à travailler très jeunes, il a récemment déclaré que seuls compteront les trimestres travaillés, et pas seulement validés -- le nombre de personnes concernées ne cesse de décroître.

Sur les finances en général, Hollande insiste sur son sens des « responsabilités ». La remise en cause de la taxe professionnelle, qui avait fait bondir tous les élus de la gauche, en permettant de faire un cadeau de plusieurs milliards aux entreprises aux dépens des collectivités locales, n'est pas à l'ordre du jour.

Quant aux lois sur « la sécurité intérieure », François Rebsamen, le monsieur Sécurité de l'équipe Hollande, dit que « sur les 28 lois prises depuis 2002, il faudra évaluer celles qui n'ont aucun impact, aucune efficacité et celles qui marchent ». Nulle distinction entre les lois injustes et les autres. Rien à dire à propos des lois anti-étrangers promulguées par les ministres de l'Intérieur depuis dix ans.

Même dans le domaine des universités, où il recueille un bon nombre de soutiens, François Hollande freine des quatre fers. Pas question d'abroger la loi LRU, le candidat socialiste affirmant à Nancy qu'il « ne s'agit pas de revenir sur le principe d'autonomie », mais « sur la façon dont la loi a été mise en oeuvre ». Pourtant cette loi avait soulevé une levée de bouclier chez bon nombre d'universitaires et d'étudiants, puisqu'elle visait à désengager l'État de ce domaine.

Comme dit si bien Pierre Moscovici : « L'idée n'est pas de défaire, mais de faire. De construire ». Visiblement, de son point de vue, beaucoup de fondations sarkoziennes sont bonnes à garder.

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