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Leur société
Sarkozy et les enseignants : Mensonges et mépris
Répondant jeudi 2 mars à des questions sur l'éducation nationale, Sarkozy a aligné en un temps record énormités, contre-vérités et fausses promesses.
« Les professeurs ne travaillent que sept mois, sept mois et demi. » Étant donné que les textes officiels fixent à 36 le nombre de semaines de cours sur une année scolaire, auxquelles s'ajoutent environ deux semaines consacrées aux examens, on arrive plutôt à neuf mois et demi... pour qui sait compter, évidemment.
« Ils font leurs dix-huit heures de cours en deux jours et puis s'en vont. » Dix-huit heures en deux jours, cela fait neuf heures par jour. Eh bien, que Sarkozy essaie donc d'assurer neuf heures de cours d'affilée à des élèves d'un collège de ZEP, en y ajoutant les heures supplémentaires imposées ainsi que le temps passé en concertation, photocopies, tâches administratives ou recherches documentaires !
« Plus d'adultes signifierait introduire des étrangers à l'établissement. » Les enseignants ne demandent pas l'embauche de figurants, mais plus de profs, de surveillants, d'infirmières scolaires, de conseillers d'orientation-psychologues, c'est-à-dire des gens qui font partie du personnel éducatif d'un établissement et qui connaissent bien les élèves.
« On créera des bureaux pour chaque enseignant. » Où ça ? Sur les toits ? Dans les caves ? Beaucoup d'établissements manquent déjà de place pour accueillir dans de bonnes conditions tous les élèves inscrits.
« Sur vingt ans, il y a eu moins d'élèves et plus d'enseignants. » Certes, mais sur les dix dernières années, il y a eu 179 000 élèves en plus et 60 000 enseignants en moins, c'est-à-dire que, pour deux élèves supplémentaires, on faisait sauter un poste d'enseignant. Sur cette question, Sarkozy n'a pas répondu.
« En faisant 26 heures, les professeurs pourront gagner jusqu'à 500 euros de plus » : tout est dans le « jusqu'à ». Et s'ils arrivent à cette somme, ils auront gagné 26 % de salaire en plus, mais pour 44 % de temps de travail supplémentaire. Heureusement que les enseignants savent caculer !
« En primaire et maternelle, il n'y aura pas de suppressions de postes ni de fermeture de classe »... oui, mais seulement à partir de 2013 ! D'ici là, des écoles disparaîtront, surtout à la campagne, et les maternelles continueront à ne pas accueillir des enfants de moins de trois ans.
Seul point de son interview sur lequel on peut lui faire confiance, c'est quand il annonce la suppression de 7 000 postes dans le secondaire pour la rentrée prochaine. Et encore, peut-être y en aura-t-il plus !