Alliance PSA-General Motors : Les travailleurs n'accepteront pas d'en subir les conséquences07/03/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/03/une-2275.gif.445x577_q85_box-0%2C10%2C169%2C230_crop_detail.png

Dans les entreprises

Alliance PSA-General Motors : Les travailleurs n'accepteront pas d'en subir les conséquences

Alors que PSA Peugeot-Citroën et General Motors viennent de signer un accord, les intentions des deux groupes se précisent. Le géant américain General Motors va entrer au capital de PSA à hauteur de 7 % -- c'est-à-dire injecter dans les caisses du constructeur français quelque 320 millions d'euros. La direction n'a pas cherché à dissimuler ses intentions : l'accord est destiné à faire gagner de l'argent aux deux parties. Les premières économies attendues se montent à 2 milliards de dollars par an à partir de 2017.

Comment ? Essentiellement grâce à ce que ces gens-là appellent des synergies, c'est-à-dire des économies réalisées, tout d'abord, en effectuant les achats en commun. PSA et GM créent une société commune chargée de mutualiser les achats. Négocier auprès des fournisseurs avec la force de frappe du premier constructeur mondial permettra évidemment de les pressurer encore plus que PSA le fait actuellement.

Les deux constructeurs comptent ensuite mettre en commun leurs capacités de recherches puis, à partir de 2016, de production, puisque c'est à cette date qu'ils annoncent la commercialisation de véhicules « issus de plates-formes communes ». S'il est évidemment très peu probable que PSA parte aux États-Unis pour y produire des Cadillac, l'idée est plutôt de faire produire les véhicules de PSA et d'Opel (une marque de GM qui opère en Europe sur des gammes similaires) sur les chaînes européennes des deux groupes. Dès mars 2016, a-t-on appris, les deux entreprises devraient commercialiser quatre modèles produits en commun. Une telle mise en commun des installations signifie infailliblement, dans la tête des capitalistes, de juteuses possibilités de réductions d'effectifs.

Nouveaux plans secrets ?

Ce n'est évidemment pas, en soi, le fait que PSA s'allie avec des capitalistes américains qui est inquiétant. Les capitalistes made in USA ne sont ni pires ni meilleurs que les capitalistes made in France. Tout « bien français » qu'il soit, PSA n'a pas attendu cet accord pour déclarer la guerre aux travailleurs, avec l'annonce de 6 800 suppressions d'emplois en Europe pour 2012 et la menace de fermer trois usines, à Aulnay-sous-Bois, Madrid et Hordain ; menace qui se transforme peu à peu en affirmation. Cette semaine, le ministre Besson a reconnu n'avoir « aucune garantie » sur l'avenir du site SevelNord d'Hordain -- ce qui signifie qu'il est certain de l'intention du constructeur de fermer l'usine. Philippe Varin, le PDG du groupe, ne se défend même plus de vouloir fermer Aulnay. Sur RTL, le 2 mars au matin, il n'a même pas ressorti son sempiternel « Ce n'est pas d'actualité », mais a répondu : « À terme, c'est un sujet ». Quant au directeur industriel, Denis Martin, il a carrément déclaré le 6 mars au salon de Genève que « les problèmes de surcapacité » du groupe seraient « réglés dans dix-huit mois ». « Régler les problème de surcapacité », dans le langage glacé des patrons, cela veut dire fermer Aulnay et licencier des milliers de travailleurs.

Ces fermetures -- planifiées depuis avant 2010 -- étaient très certainement incluses dans l'accord PSA-GM. Et maintenant ? Quelles nouvelles attaques ont été prévues, en secret, par les deux groupes ? Combien de fermetures d'usines Opel, et lesquelles, ont été prévues pour satisfaire la rapacité des actionnaires des deux groupes ?

Une fois encore, des groupes capitalistes ont concocté, en secret, des attaques qui vont frapper des dizaines de milliers de travailleurs. C'est pourquoi il serait vital que soit aboli le secret qui permet de telles pratiques et que soient imposées l'interdiction des licenciements et la répartition du travail entre tous sans diminution de salaire.

N'en déplaise à Denis Martin, dans dix-huit mois le problème ne sera peut-être pas « réglé » ! Varin, Martin et leur clique buteront peut-être sur la seule chose qui puisse réellement leur faire peur : l'explosion de la colère ouvrière. Celle des travailleurs menacés et, plus largement, espérons-le, celle des ouvriers des usines PSA et Opel qui tournent aujourd'hui à plein régime. Les patrons se mettent à faire des « alliances stratégiques » ? Les ouvriers, par-delà les frontières, n'auront pas d'autre solution que de faire de même.

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