Loi sur le génocide arménien : Donneurs de leçons en quête de suffrages30/12/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/12/une2265.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Loi sur le génocide arménien : Donneurs de leçons en quête de suffrages

Le torchon brûle entre les autorités turques et le gouvernement français depuis le vote d'une loi punissant d'un an de prison toute négation du génocide arménien commis par les Turcs en 1915. La Turquie parle de rupture des relations diplomatiques, commerciales, etc. Dans cette affaire, l'hypocrisie du gouvernement français est manifeste.

La notion de « génocide » a été créée par un juriste juif américain au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Il qualifiait ainsi non pas les massacres en général, mais précisément ceux ayant pour but l'extermination de tout un peuple. Il qualifiait de génocide notamment le massacre des Arméniens en 1915 et celui des Juifs par les nazis.

En 1915, en pleine guerre mondiale donc, la Turquie, dirigée par le mouvement nationaliste Jeune Turc, fit massacrer sur une échelle immense les Arméniens, dont une partie était solidaire de l'armée russe, qui combattait la Turquie.

Aujourd'hui le gouvernement turc reconnaît qu'il y a bien eu massacre. Mais seulement de 500 000 personnes, dit-il, ce qui n'en ferait pas, selon lui, un génocide. La plupart des historiens parlent de 1 200 000 à 1 500 000 tués. Il est évident que les autorités turques n'ont jamais voulu et ne veulent pas reconnaître la vérité sur l'extermination des Arméniens, qu'on la qualifie de génocide ou pas.

Mais cela n'autorise pas le gouvernement français à s'ériger en professeur de morale pour autant.

Puisqu'il faut remonter au passé, la France a participé, aux côtés d'autres nations commerçantes, à la traite des esclaves noirs qui a dépeuplé l'Afrique jusqu'au début du XIXe siècle.

La colonisation par la France d'une grande partie de l'Afrique, de l'Indochine et de quelques possessions ailleurs dans le monde s'est accompagnée d'un grand nombre de massacres et d'atrocités. La seule conquête de l'Algérie, à partir de 1830, aurait peut-être fait disparaître le tiers de la population d'alors.

Les guerres contre les peuples qui se battaient contre la domination coloniale ont été abominables. Celle d'Indochine, jusqu'en 1954, aurait causé 500 000 morts. Quant à celle d'Algérie, dont le bilan est contesté, elle va de 250 000 à un million de morts, et des dizaines de milliers de torturés, essentiellement algériens.

Plus récemment, les troupes françaises se sont associées au gouvernement rwandais de l'époque lorsqu'il a entrepris, en 1994, le génocide contre les Tutsis, dans lequel les autorités françaises n'ont jamais voulu -- de même que la Turquie envers les Arméniens -- reconnaître leur responsabilité. Alors, le gouvernement français est particulièrement mal placé pour donner des leçons.

La raison de fond de la loi qui vient d'être adoptée c'est la présence, sur le sol français, de 500 000 personnes d'origine arménienne, ayant le droit de vote et particulièrement sensibles à cette question du génocide de 1915.

Quant au PS, tout en dénonçant l'aspect électoraliste de la loi adoptée par l'Assemblée nationale, il fait de la surenchère à cet égard.

D'abord les socialistes ont voté cette loi et maintenant ils réclament qu'elle soit inscrite à l'ordre du jour du Sénat, de façon que la majorité, de gauche du Sénat puisse la voter aussi de façon démonstrative.

L'électorat d'origine arménienne est décidément très courtisé.

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