La lutte paie, pas la résignation30/12/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/12/une2265.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

La lutte paie, pas la résignation

Dans son prêche de Noël, le pape a fait un voeu, pieux cela va sans dire, en appelant à la paix. Et pourtant les conflits armés n'ont pas été moins nombreux, ni moins meurtriers cette année, alimentés directement ou pas par les grandes puissances qui préservent les intérêts des grosses sociétés présentes dans des pays qui sont souvent d'ex-colonies. Des sociétés qui veulent continuer à y exploiter les richesses et les peuples. Les budgets militaires se maintiennent à des niveaux élevés partout. Les profits des marchands d'armes qui ont pignon sur rue restent prospères.

Dans le même ordre d'idées, les dirigeants politiques, en particulier ceux qui sollicitent les suffrages des électeurs, prétendent incarner « la France », c'est-à-dire l'union de tous les Français -- du moins ceux qui disposent du droit de vote -- qu'ils appellent à se rassembler autour d'eux en leur apportant leurs suffrages. De Villepin à Bayrou, de Sarkozy à Hollande, on entend ce même discours, et on va l'entendre encore durant des semaines. Cela procède du même bluff que celui du pape. Car la concorde dont ils parlent, ou pour dire les choses autrement la paix sociale qu'ils réclament, n'est qu'un paravent pour tenter de masquer la guerre de classe que leurs amis du patronat mènent contre les travailleurs et l'ensemble des classes laborieuses. Pour être moins sanglante, cette guerre n'en laisse pas moins son lot de victimes qui se retrouvent par millions au chômage, donc sans salaire pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille. Cette guerre-là ne laisse pas de morts sur les champs de bataille, mais elle brise des vies, saccage des familles, fait de multiples dégâts collatéraux en ruinant des régions entières. En effet, en privant les salariés de leur gagne-pain, elle atteint d'autres catégories sociales qui ne vivent que grâce à leur clientèle ouvrière.

Cette lutte de classe n'est pas nouvelle. Elle existe depuis longtemps, depuis que les capitalistes ont mis en place ce système économique qui leur permet d'amasser des fortunes indécentes récupérées sur le travail des salariés. Mais avec cette crise, la situation s'est considérablement aggravée pour le monde du travail.

Fort heureusement, la classe ouvrière peut relever la tête. Des ripostes se sont déjà produites. Pas toujours victorieuses, face à des adversaires qui disposent de moyens considérables, à commencer par le contrôle plus ou moins direct des moyens d'information, entre autres la grande presse et les radios-télévisions, qui relaient la propagande du patronat et du gouvernement.

C'est ainsi que, face à la grève des agents de sûreté dans les aéroports, on a ressorti les mêmes mauvais arguments traitant les grévistes d'égoïstes, d'irresponsables, qui prennent d'autres travailleurs en otages, au risque de compromettre leurs vacances. À d'autres !

Ceux qui accusent ainsi des grévistes qui gagnent 1 100, 1 300 euros pour un travail qui s'effectue dans les pires conditions, parce qu'ils osent réclamer leur dû, c'est-à-dire une augmentation de salaire de 200 euros mensuels, les Sarkozy et compagnie, sont les mêmes qui distribuent des centaines de milliards aux banquiers pour qu'ils puissent continuer à spéculer de plus belle.

Ces grévistes ont montré que, face à des patrons sourds à leurs demandes, il existe un moyen pour se faire entendre : la grève, seule arme dont ils disposent.

Quelles que soient les suites de ce mouvement, les grévistes des aéroports ont déjà remporté une victoire. Victoire morale tout d'abord, en ayant su surmonter toutes les pressions, et elles étaient nombreuses, qui les incitaient à la résignation. Mais pas seulement morale, car ils ont obtenu de leurs patrons, qui campaient sur un refus de toute concession, qu'ils reculent et leur promettent le doublement d'une prime qui aboutit presque à un 13e mois. Avec des conditions telles, cependant, que tous les salariés n'y auront pas droit intégralement. C'est loin de ce qu'ils réclamaient, mais cela montre qu'il est toujours plus efficace de se battre que de baisser les bras.

Pour que le monde du travail mette un coup d'arrêt aux plans d'austérité des gouvernements qui, quelle que soit leur couleur politique, sont au service du patronat, il faudra se battre tous ensemble. Cette grève, menée dans des conditions difficiles et marquée par un recul des patrons, montre qu'une telle perspective est à l'ordre du jour. Et que, élection ou pas, c'est ce qu'il nous faut préparer.

Éditorial des bulletins d'entreprise du 26 décembre

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