Banque centrale européenne : Guichets largement ouverts pour les spéculateurs30/12/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/12/une2265.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Banque centrale européenne : Guichets largement ouverts pour les spéculateurs

Si du fait de la crise, le réveillon de Noël a été pour beaucoup, plus maussade qu'à l'ordinaire, cela n'a pas été le cas pour les banquiers. Ils ont eu la possibilité d'emprunter à la BCE, la Banque centrale européenne, à un taux on ne peut plus avantageux de 1 %, et pour une période, inusitée, de trois ans.

Du coup, ces banques, les grandes et les moins grandes, se sont bousculées au guichet de la BCE. On en a compté dit-on 523, qui ont emprunté 489 milliards d'euros, un montant record soulignent les spécialistes, qui dépasse largement par exemple le budget d'un État comme la France.

Cette mesure serait destinée, selon ses initiateurs, à répondre à « l'assèchement » des crédits, autrement dit au fait que les banques, méfiantes les unes à l'égard des autres, sont réticentes à prêter. Elle vise du même coup à desserrer les contraintes sur les États dues à la spéculation sur leur dette.

Mais les journalistes spécialisés eux-mêmes ne cachent pas leur scepticisme sur l'usage que feront ces banques du pactole sans limite et sans le moindre contrôle qu'on leur distribue.

Ces milliards, quasiment gratuits -- car le taux de 1 % que pratique en l'occurrence la BCE est d'autant plus insignifiant qu'il n'est remboursable qu'au bout de trois ans, quelle que soit l'évolution du marché monétaire --, sont un appel ouvert à la spéculation. Pourquoi les banques qui empruntent à un taux aussi ridiculement bas se priveraient-elles de placer l'argent qu'on leur a si généreusement accordé dans des « investissements » à très haute rentabilité, pour reprendre le vocabulaire financier, comme le souligne un rédacteur du quotidien Le Monde ? Certaines banques, écrit-il, « pourraient se laisser tenter et investir l'argent qui leur a coûté 1 % pour racheter des titres à dix ans qui rapportent plus de 5 % et 6,5 %, comme les emprunts espagnols ou italiens ».

Pas besoin de sortir d'une grande école pour répondre à cette question si timidement posée. Bien sûr, les banques, toutes les banques, vont se « laisser tenter » par l'aubaine qu'on leur offre et consacreront des milliards à renforcer encore la spéculation sur la dette des États.

En fait personne ne peut être dupe des objectifs de cette opération. Mais, comme ni la BCE ni les chefs d'État ne peuvent dire ouvertement qu'ils aident les banques à spéculer, ils la présentent dans un verbiage pseudo-technique, qui trompe de moins en moins.

Mais l'argent qui va vers cette spéculation, d'où vient-il, sinon des poches de la population laborieuse ?

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