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- Lutte ouvrière n°2265
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Italie : Après l'installation du gouvernement Monti - Mais qui ont-ils donc sauvé ?
Quelques semaines après la démission du gouvernement Berlusconi et l'installation du gouvernement Monti, celui-ci a lancé un nouveau plan d'austérité, le troisième en quelques mois, baptisé « Sauver l'Italie », mais qui promet de frapper durement les travailleurs et les couches populaires au moment même où les conséquences de la crise sont de plus en plus sensibles. L'article suivant est extrait du journal de nos camarades italiens de l'UCI, L'Internazionale (n° 108 de décembre).
Les prix ont recommencé à augmenter et les salaires ne parviennent pas à suivre. L'institut de statistiques ISTAT parle de salaires contractuels, augmentés en moyenne de 1,7 %, face à une hausse des prix de 3,4 %. Mais la vague de fermetures d'usines et de suppressions d'emplois se poursuit, tandis que le nombre officiel des pauvres augmente. Ils sont huit millions, selon l'organisation de bienfaisance Caritas, dont beaucoup étaient des ouvriers ou des employés qui maintenant font la queue pour un colis alimentaire ou un endroit pour dormir. Un jeune sur trois est au chômage. Et les sans-emploi, et donc sans salaire, représentent plus de 8 % de la population active.
Cette situation affecte, en tout ou en partie, la grande majorité des familles. Une telle situation imposerait des mesures radicales et immédiates pour protéger leurs conditions de vie. Mais si certains nourrissaient quelque illusion, pensant que de telles mesures viendraient du « gouvernement technique » de Monti, ils ont dû vite changer d'avis. À la suite de ses prédécesseurs et avec son autorité de représentant reconnu du capitalisme des banques, Monti s'en est pris une fois de plus au niveau de vie des travailleurs, des retraités, des couches populaires. Les super-riches ont été tout au plus effleurés par le plan d'austérité de 34 milliards d'euros présenté dans le cadre du décret dit « Sauver l'Italie ». Les banques ont obtenu la pleine garantie de l'État, ce qui signifie qu'elles peuvent continuer à amasser des fonds et à spéculer en étant couvertes par l'argent des contribuables. Les capitaux qui ont déjà bénéficié d'un « bouclier fiscal », comme a déclaré le maire de Bari, « s'en sortiront en donnant l'aumône d'une taxe de 1, 5 % ».
Avec la « réforme » du système de retraite, encore une, dans le sillage de celle du gouvernement de centre gauche de 1995, un autre pas décisif a été fait vers l'appauvrissement progressif de la masse des travailleurs. L'arrêt de l'indexation des retraites sur l'inflation, l'extension immédiate du système par capitalisation et l'élévation de l'âge de départ sont autant de mesures qui pèseront sur le pouvoir d'achat. À tout cela s'ajoutent les augmentations de la TVA et de la taxe sur les carburants, qui amèneront une inflation supplémentaire d'au moins 1 %. Le crime social se poursuit.
Et déjà on annonce le plan suivant, pour démontrer aux « marchés » que l'Italie fait ce qu'il faut, et on reparle de « réforme » du marché du travail. Il s'agira de rendre les licenciements encore plus faciles, en neutralisant le dernier obstacle représenté par l'article 18 du Statut des travailleurs. C'est cela qu'on appelle un « gouvernement technique »...
En fait il n'y a pas de gouvernement plus « politique » que le gouvernement Monti. Il est politique au sens le plus profond, celui d'un pouvoir qui est le défenseur des intérêts de l'ensemble du système capitaliste. Face à lui c'est maintenant la voix des travailleurs qui doit se faire entendre.(...)