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Belgique : Un gouvernement « efficace »... qui déclenche la colère des travailleurs
Deux semaines à peine après son investiture, le gouvernement fédéral belge, que les patrons et les politiciens attendaient depuis un an et demi, est passé à l'action. Les ministres comptent faire voter en accéléré, avant la fin de l'année ou au début 2012, toute une série de mesures antisociales.
Lundi 19 décembre, la population découvrait que la « réforme » des pensions était programmée au vote à la Chambre dans la semaine. C'est notamment, échelonné sur quatre ans, le recul de 60 à 62 ans de l'âge minimum pour le départ à la retraite anticipée, et sur trois ans le passage de 35 à 40 ans de la durée de cotisation minimum pour le départ à la retraite. Les femmes qui n'ont souvent pas de carrière complète et/ou travaillent en temps partiel seront les plus lésées.
Dans la fonction publique, la retraite ne sera plus calculée sur les cinq dernières années, ou sur le dernier mois comme à la SNCB, mais sur les dix dernières années de travail. Selon les syndicats, pour les cheminots partant à la retraite, cela représentera une perte de 100 à 150 euros par mois.
La « pension de survie » que touche le conjoint d'un salarié décédé sera supprimée. Jusqu'à présent, après 45 ans, il bénéficie de 80 % de la pension du conjoint décédé. Cela serait remplacé par une allocation limitée dans le temps, dont les modalités ne sont pas encore connues. On ne sait pas non plus si les 600 000 personnes touchant actuellement une telle pension seront vraiment épargnées.
Les syndicats ont protesté : il n'y a même pas eu un début de « concertation sociale » ! Ils ont alors appelé à une grève générale dans les services publics pour le jeudi 22 décembre, le jour du vote. La grève a été très bien suivie. Pas un train, métro, tram ou bus n'a circulé dans tout le pays. Dans certains dépôts de la SNCB en Wallonie, les cheminots s'étaient mis en grève dès le soir du 20 décembre. Grève aussi dans l'enseignement, à la Poste, dans les administrations...
Même si les grévistes ne pensaient pas que cela suffirait à faire changer d'avis le gouvernement, beaucoup voulaient marquer le coup, conscients qu'il ne s'agit que d'une première salve de mesures d'austérité. Les directions syndicales n'ayant quasiment pas proposé d'actions, de manifestations, ni même d'assemblées de travailleurs, la plupart des grévistes sont donc restés à la maison.
Les travailleurs de plusieurs entreprises privées, notamment Bombardier à Bruges, Case New Holland (2 500 travailleurs) à Zeldegem, Picanol à Ypres, plusieurs entreprises dans la région liégeoise, se sont également mis en grève, bien que le mot d'ordre syndical ait été limité à la fonction publique.
La loi a été votée dans la nuit du 22 au 23 décembre, sous le point « divers », un point qui contient très probablement d'autres mesures dirigées contre les classes laborieuses, comme des changements dans la fiscalité. D'autre part, des mesures très graves contre les chômeurs, qui vont limiter les allocations chômage dans le temps et priver selon les estimations des syndicats près de 24 000 chômeurs de leurs allocations d'ici avril 2012, sont programmées avant la fin de l'année.
Les syndicats ont annoncé d'autres actions pour janvier et parlent de grève générale le 30 janvier. Cependant, le gouvernement leur a offert de négocier quelques exceptions pour telle ou telle catégorie de travailleurs, et il n'est donc pas certain que ces appels soient maintenus, alors qu'une riposte d'ensemble serait indispensable.