- Accueil
- Lutte ouvrière n°2265
- Aéroport de Roissy : Onze jours de grève
Dans les entreprises
Aéroport de Roissy : Onze jours de grève
Lundi 26 décembre, les agents de sûreté de l'aéroport en étaient à leur onzième jour de grève, votée à l'assemblée générale du matin par 250 grévistes. Désormais tout le monde connaît dans le pays la situation de ces sous-traitants des aéroports, travaillant sept jours sur sept, même le dimanche, pour un salaire proche du smic, et encore à condition d'être à temps plein, ce qui n'est pas le cas de tous. Et soumis de plus à de longues vacations, debout, sans cantine ni salle de repos décente, subissant les horaires contraignants et les temps partiels imposés avec 4 heures de travail par jour. Leur révolte s'est fait entendre et c'est là un succès de leur grève.
Oui, les travailleurs se sont fait respecter et la semaine a vu les directions aller de recul en recul. Le préfet voulait interdire aux agents de défiler dans les aérogares, mobilisant immédiatement des dizaines des policiers harnachés comme des Robocop. Eh bien, depuis dix jours, les grévistes se réunissent dans le hall du terminal E et font le tour des terminaux à 400 ou 500, s'adressant aux autres salariés de la plate-forme et aux passagers et dénonçant la présence de gendarmes à leurs postes de travail. De même ces patrons arrogants de la sûreté qui ne voulaient pas discuter ont dû ouvrir une négociation nationale. Ils ne voulaient pas parler argent ou salaire, et ils ont dû faire des concessions sur ce plan aussi.
Mais la négociation a donné lieu à une jolie comédie ! Deux premières séances de discussion pour rien se sont tenues à Roissy, où les salariés ont imposé la présence d'une délégation de grévistes, ce qui a profondément déplu au ministre des Transports Mariani. Aussi les patrons et le médiateur du gouvernement ont déplacé la séance de négociation à 30 kilomètres de Roissy, Gare du Nord à Paris, et l'ont limitée aux représentants syndicaux. Des syndicalistes grévistes de Roissy étaient néanmoins présents, tenant au courant leurs camarades et faisant entendre leur voix. Cela a énervé ces messieurs du patronat dont l'un a dit :« Ce n'est pas la démocratie en direct, ici »... Eh bien si !
Les patrons de la branche, tout en refusant toute négociation sur la revendication des 200 euros par mois et le paiement des jours de grève, ont fini par proposer vendredi, veille de Noël, une augmentation des primes. Un doublement de la prime de performance individuelle, ce qui la porterait à un mois de salaire, mais avec seulement 500 euros garantis, et le restant soumis à des critères aléatoires et arbitraires, comme aujourd'hui. De plus cette prime n'est pas versée à ceux qui ont moins d'un an d'ancienneté, nombreux à cause d'un turn-over important. À la toute fin, les patrons ont rajouté une augmentation de 1,60 euro par jour de la prime panier, l'équivalent de 370 euros d'augmentation sur l'année, mais les patrons s'arrangent parfois pour donner des vacations courtes afin de ne pas la payer. Ils ont enfin accepté la reprise à 100 % du personnel en cas de changement de société titulaire du contrat, ce qui n'était pas le cas jusqu'ici. Mais ils avaient le front de poser un ultimatum : si leurs propositions n'étaient pas acceptées le lendemain samedi à 12 heures, elles seraient retirées !
Malgré cela, la grève a continué. Samedi, il y avait 50 % des 4 000 salariés encore en grève, dimanche férié (payé double), 38 % d'après Aéroports de Paris. Les grévistes refusaient cette proposition, estimant que ce n'était pas ce qu'ils demandaient.
Mais lundi 26, à part la CGT, les directions syndicales ont signé le protocole, souvent contre l'avis de leurs propres élus de Roissy et contre celui de l'assemblée des grévistes. Beaucoup ont exprimé leur colère contre les signataires.
Si les grévistes n'ont pas pu obtenir ce qu'ils demandaient, ils ont obtenu un accord qui concerne l'ensemble des 10 000 salariés de toutes les sociétés de sûreté opérant sur l'ensemble des aéroports du pays. Ils ont fait reculer les patrons et ils sont fiers de leur lutte et de s'être fait entendre de tous les travailleurs du pays.