Par décret gouvernemental, « les pensions de retraite servies par la Caisse de prévoyance et de retraite des personnels de la SNCF sont actuellement servies trimestriellement par avance. Compte tenu des difficultés de trésorerie rencontrées par cet organisme, les pensions dues au titre de 2012 seront versées en deux acomptes rapprochés, selon le calendrier de versement des échéances de pensions prévu par le présent décret... »

Ainsi, les pensions qui devaient être virées sur les comptes des retraités de la SNCF le 30 décembre pour le 1er trimestre 2012 ne le seront pas. Plus exactement, un seul tiers de la pension sera payé le 30 décembre, les deux autres tiers l'étant le 10 janvier. Et cette façon de faire est annoncée comme devenant la règle à chaque trimestre.

Certains pourront dire que dix jours de décalage ne sont pas grand-chose et que, de toute façon, les retraités ne dépensent pas leurs trois mois de retraite d'un coup. Certes. Mais cela les regarde, et on ne voit pas pourquoi l'argent resterait dans la poche de la caisse de retraite -- ou plus précisément des banques -- plutôt que dans celle des retraités. Car les pensions ne sont pas un cadeau fait par la SNCF (ou par n'importe quelle autre entreprise, d'ailleurs). Il s'agit de salaire différé, les travailleurs ayant cotisé leur vie durant pour leur retraite. Et puis même quelques jours de décalage peuvent signifier des agios à payer aux banques pour ceux qui ont des crédits à payer, calés sur la fin du mois.

Les raisons invoquées sont d'ailleurs scandaleuses puisqu'elles résideraient dans les difficultés de trésorerie de la caisse de prévoyance. En fait, les banques qui gèrent l'argent de la caisse de prévoyance et qui, d'habitude, font une avance de trésorerie pour que celle-ci puisse verser les trois mois de retraite d'un coup, ont déclaré qu'elles ne le pouvaient plus... à cause de la crise financière ! Et ce sont encore les cheminots qui en font les frais.

Ce qui se passe aujourd'hui pour la retraite des cheminots pourrait bien se passer demain pour celle d'autres travailleurs, du secteur public comme du secteur privé.