États-Unis : L'exécution de Hank Skinner suspendue À bas la peine de mort !16/11/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/11/une2259.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis : L'exécution de Hank Skinner suspendue À bas la peine de mort !

Pour la seconde fois, l'exécution prévue de Hank Skinner a été suspendue mercredi 9 novembre. La Cour suprême des États-Unis devrait examiner un recours de ses avocats après le rejet, par un tribunal texan, de sa troisième demande de tests ADN qui pourraient l'innocenter. Mais cette suspension n'est peut-être qu'un sursis.

Depuis seize ans, cet ancien ouvrier clame son innocence et réclame ces tests. L'État du Texas qui, aux États-Unis, détient le triste record des exécutions capitales, a tout fait pour écarter cette vérification élémentaire, plus pressé de satisfaire l'électorat réactionnaire partisan des exécutions. Heureusement, la Cour suprême a finalement jugé plus prudent d'examiner la requête des avocats du condamné.

Henry Skinner a été condamné à mort en 1995 après un procès bâclé en deux heures pour le triple meurtre de sa compagne et de ses deux enfants ; meurtres qu'il nie avoir commis. Depuis dix ans, il est soutenu par un professeur de journalisme qui a refait l'enquête avec ses élèves. Selon lui, il n'y a dans cette affaire « ni aveux ni témoin visuel des meurtres ni de mobile apparent ni de tendances violentes chez l'accusé » et des tests comparant son ADN à celui retrouvé sur les victimes devraient le disculper.

La justice texane a tout fait pour ne pas revenir sur le jugement, comme si elle craignait que Skinner soit innocenté. Quant à Perry, le gouverneur actuel du Texas, en bon successeur de George Bush, il n'est pas réputé pour sa clémence. Pour la plupart des politiciens américains, la tête d'un condamné, coupable ou innocent, n'est qu'un prix à payer pour assurer une réélection, a fortiori quand on est, comme Perry, un des candidats à l'investiture républicaine dans la prochaine présidentielle.

Après l'exécution en septembre dernier de Troy Davis, dont tout indique qu'il était innocent, les États-Unis continuent de se comporter comme un État barbare en continuant d'appliquer un châtiment d'un autre âge. Car même si un homme a commis un crime, aussi odieux soit-il, rien ne justifie que l'État l'imite en l'exécutant à son tour.

Ceux qui justifient la peine capitale estiment juste de pratiquer la vieille loi biblique du talion : celui qui a tué doit être tué à son tour. Il faudrait alors exiger que l'incendiaire voit sa maison incendiée, que le violeur soit violé et le tortionnaire torturé, ce qui revient à adopter l'inhumanité des criminels.

Les partisans de la peine de mort prétendent qu'elle a un effet dissuasif sur la criminalité. Alors pourquoi les couloirs de la mort du Texas sont-ils remplis de condamnés qui, comme Skinner, attendent pendant des années leur exécution, alors qu'il y a quatre fois plus d'exécutions au Texas que dans n'importe quel autre État des États-Unis ?

La peine de mort élimine le condamné mais maintient toutes les causes de la criminalité. Ce meurtre commis par l'État, confondant vengeance et justice, est un châtiment barbare qui doit être aboli aux États-Unis et partout où il a encore cours.

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