Malgré les décisions judiciaires rendues fin août, Lohmann & Rauscher n'a pas versé le salaire d'octobre aux 51 salariés de sa filiale Sodimédical de Plancy-l'Abbaye. Il cherche à déstabiliser les employées en lutte depuis plus d'un an pour le maintien de leur emploi, dont les nerfs sont déjà mis à rude épreuve mais qui continuent à pointer tous les jours avec la salle blanche, salle anticontamination, toujours vide.

Pour tenter de briser le mouvement, le groupe avait déjà exercé ce chantage en mai, pendant quatre mois, mais sans succès : la justice avait finalement confirmé son obligation de payer les salaires à la place de Sodimécal, dont les caisses étaient vides à cause de l'interruption des versements du groupe. Cette fois Lohmann & Rauscher profite certainement de l'attitude du procureur, en tant que représentant de l'État. Celui-ci n'a en effet pas donné suite aux plaintes déposées par l'inspection du travail pour tous ces salaires non versés.

Pour arriver à ses fins, L & R vient même d'engager une procédure auprès du tribunal de commerce d'Épinal, soi-disant pour placer sous sa protection l'usine de Remiremont et ses 116 salariés. Car la société L & R ose prétendre que si elle était contrainte de remettre en route l'usine de Plancy-l'Abbaye, ce serait sa faillite.

Mais la mobilisation continue. Il faut dire que jusque-là, à part un désaveu judiciaire accidentel et temporaire par le tribunal de commerce, la justice a toujours donné raison aux salariées. Chacun reconnaît le scandale que représente la liquidation de cette petite entreprise, sous prétexte de transfert de sa production en Chine, par l'énorme groupe qu'est Lohmann & Rauscher, une multinationale de plusieurs milliers de salariés qui fait des profits en vendant des pansements aux hôpitaux, cliniques, pharmacies du monde entier.