Avec ou sans décorum parlementaire, le règne du grand capital16/11/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/11/une2259.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Avec ou sans décorum parlementaire, le règne du grand capital

À peine le deuxième plan d'austérité de Fillon est-il annoncé que des informations distillées d'en haut font état de la préparation d'un troisième plan ! À ce qu'il paraît, les marchés financiers, c'est-à-dire les grandes banques et derrière elles le grand patronat, ont trouvé le plan d'austérité Fillon pas assez dur. Il serait question, pêle-mêle, d'une nouvelle augmentation de la TVA, de l'instauration d'un délai de carence pour le paiement des arrêts maladie des salariés de la fonction publique, de l'augmentation de la CSG pour les retraités.

Après avoir enfoncé dans la misère les classes populaires grecques, espagnoles et portugaises, la spéculation se déchaîne contre l'Italie et commence à loucher vers la France. Partout, la dette faite pour aider les banquiers et la classe capitaliste sert de prétexte pour faire reculer les salaires et les retraites, pour rendre plus difficile encore la vie des chômeurs, pour revenir sur les quelques protections sociales accordées aux salariés dans le passé.

Les prêts aux gouvernements et la spéculation sur la dette des États constituent un des principaux moyens de placements profitables pour les grands capitaux, en cette période de crise où leurs possesseurs se méfient de l'avenir et refusent d'investir dans la production. Mais c'est aussi une arme dont se servent les possédants pour racketter les classes laborieuses.

Les capitalistes et leurs serviteurs politiques savent que les plans d'austérité, en vidant encore plus les poches de la majorité de la population, diminuent encore plus sa capacité de consommation et aggravent la crise. Ils le savent, et pourtant ils le font quand même. « Après nous, le déluge » : derrière les marionnettes impuissantes à la tête des États, c'est toute la classe dominante qui témoigne de son irresponsabilité non seulement à l'égard de la société mais même à l'égard de sa propre économie.

Les soubresauts des « marchés financiers », c'est-à-dire la volonté de la grande bourgeoisie, ont fait tomber Berlusconi en Italie, comme est tombé le gouvernement du « socialiste » Papandréou en Grèce. À leur place, on a désigné directement des banquiers. En Grèce, un homme qui a été vice-président de la Banque centrale européenne. En Italie, un homme qui a été un des principaux représentants en Europe de la banque Goldman Sachs, surnommée à juste raison « la pieuvre », une des principales responsables des deux crises financières, celle de 2008 et celle de 2011.

La substitution de financiers aux dirigeants politiques élus fait pousser des hauts cris à une partie de la gauche réformiste, qui parle d'un déni de démocratie. Oui, la dictature du capital financier apparaît là sans fard ! Mais rappelons que Papandréou, bel et bien élu et, de plus, prétendument socialiste, a été tout aussi servile vis-à-vis du capital financier que Berlusconi, ou que le seront les banquiers arrivés au pouvoir dans les deux pays.

Aussi serviles que l'est Sarkozy aujourd'hui, ou que le sera aussi Hollande s'il est élu car, même encore dans l'opposition, il reprend à son compte la politique de rigueur et répète que le remboursement de la dette est une obligation.

Alors sachons-le : quelle que soit l'étiquette du gouvernement, il sera au service du grand patronat et des banquiers. Nous n'avons rien à attendre d'un changement à la tête de l'État. Pour protéger nos emplois et le pouvoir d'achat de nos salaires, nous ne pouvons compter que sur notre propre force, et rien d'autre. Cette force, en réalité nous l'avons, car toute la richesse sociale, y compris les sommes extravagantes qui partent dans la spéculation, résulte de notre travail et de notre exploitation.

Nous aurons à mettre en marche notre force collective, notre capacité à peser par les grèves et les manifestations sur la classe possédante et ses larbins politiques, même si la majorité de notre classe sociale n'est pas encore convaincue de cette nécessité. Si nous ne voulons pas être poussés vers la soupe populaire, nous aurons à imposer l'interdiction des licenciements et la répartition du travail entre tous sans diminution de salaire, afin de préserver notre emploi. Nous aurons à imposer l'augmentation conséquente des salaires et des pensions de retraite, et la protection de leur pouvoir d'achat par l'indexation sur les hausses de prix.

Et, bien au-delà de ces deux exigences vitales immédiates, nous, les travailleurs, nous sommes les seuls en situation de contester le règne de la finance sur le monde. La grande bourgeoisie mène la société à la ruine. Lui ôter sa mainmise sur les usines, les banques, sur les richesses et les moyens de les produire, est le seul avenir vivable.

Éditorial des bulletins d'entreprise du 14 novembre

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