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- Lutte ouvrière n°2259
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Leur société
Projet de loi contre « l'espionnage industriel» : À bas le secret des affaires !
Le gouvernement vient de mettre sur le feu un projet de loi destiné à créer un « délit de divulgation d'informations protégées ». En clair, il s'agit de renforcer encore le secret des affaires, de tout ce qui se décide au niveau de la direction d'une entreprise.
Aujourd'hui, sous prétexte de lutte contre la concurrence, l'interdiction faite aux Comités d'entreprise, aux cadres, aux salariés d'une entreprise, de divulguer des informations considérées par la direction comme confidentielles à l'extérieur, existe déjà. On a même vu, au début de l'année, des cadres de Renault licenciés à la suite d'une rocambolesque affaire d'espionnage industriel, accusation qui s'est révélée fausse.
Aux yeux du député UMP Bernard Carayon, par ailleurs avocat d'affaires, les lois actuelles destinées à protéger les affaires des directions d'entreprise ne suffisent pas. Il souhaiterait que l'interdiction en question soit durcie et assortie de sanctions pouvant aller jusqu'à un an de prison et 15 000 euros d'amende.
Comme si les industriels et les banquiers n'étaient pas assez protégés ! Ils préparent des années à l'avance et dans la plus grande discrétion leurs stratégies d'entreprise, comme ils disent, aux dépens de l'emploi des salariés et au bout du compte de leur avenir. C'est ainsi que Peugeot-Citroën a planifié la suppression de milliers d'emplois des années avant que la CGT de l'entreprise ne l'apprenne par hasard et puisse rendre publique cette information.
À tous ces patrons et aux députés et politiciens à leur service, il faut imposer au contraire la suppression du secret des affaires. Dans une entreprise, ceux qui y travaillent, qui la font fonctionner, qui contribuent à son enrichissement, devraient avoir le droit de tout en connaître et de rendre public sans entrave ce qu'ils savent : quels sont les projets, les coûts des fournitures, les salaires de tous, les investissements nécessaires, etc. Tout devrait être porté à la connaissance de tous, des salariés comme de la population concernée par la production.
Le secret n'est nécessaire qu'à ceux qui préparent de sales coups aux dépens des salariés, aux dépens de l'environnement parfois et contre les intérêts de la collectivité. Si les industriels comme les banquiers ont des choses à cacher et des secrets à préserver, c'est la façon dont ils exploitent de façon éhontée la classe laborieuse et dont ils mènent l'économie et toute la société à la catastrophe. Les travailleurs et la population ont tout à gagner à la levée du secret industriel, commercial et financier.