Cité scolaire Balzac -- Paris XVIIe : Un succès de la grève16/11/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/11/une2259.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Cité scolaire Balzac -- Paris XVIIe : Un succès de la grève

Le mouvement de grève des personnels du collège-lycée Balzac a été suspendu mardi 15 novembre, avec l'idée de reprendre la grève dès le 22 novembre si le rectorat ne répondait pas aux dernières revendications.

Ce mouvement avait commencé dès la rentrée de la Toussaint. Les revendications portaient essentiellement sur le manque criant de moyens : heures de cours non assurées, postes de surveillance insuffisants, contrats aidés supprimés, classes surchargées, un poste d'infirmière non pourvu. Une autre revendication se faisait de plus en plus jour au fil des discussions dans les assemblées générales : le départ de la chef d'établissement tenue pour responsable d'emplois du temps et de conditions d'études invivables pour les élèves, et particulièrement zélée à appliquer la politique du ministère.

Les lycéens entraient dans le mouvement dès le vendredi 4 novembre et le mouvement s'est amplifié à partir du mardi 8 novembre. Tôt le matin, les élèves décidaient de bloquer les accès à l'établissement. Alors que le blocage se passait tout à fait pacifiquement, que les lycéens organisaient un barrage filtrant pour laisser entrer les collégiens, la proviseure, conseillée par la police attachée au rectorat, décidait d'appeler des renforts de police pour dégager un accès livraisons qu'elle avait rebaptisé « accès pompiers ». La police s'est alors attaquée très violemment à quelques élèves : l'un d'entre eux a été roué de coups, traîné au sol, menotté et emmené au poste. Mis en garde à vue, il était libéré vers 18 h sous le coup d'une inculpation pour rébellion et doit être convoqué par le procureur le 1er décembre. Des élèves ont été insultés, d'autres ont reçu des coups de matraque, de casques. Une élève de 15 ans souffre d'une fracture du tibia.

À ce moment-là, sous le coup de l'émotion et de la colère, les élèves ont occupé le boulevard Bessières. Les enseignants étant intervenus pour éviter les accidents, les policiers narquois provoquaient les lycéens : « Suivez vos manipulateurs ! ».

L'inspecteur d'académie, présent sur les lieux, était blême. Des centaines d'élèves, voulant demander des comptes à la proviseure, avaient investi bruyamment les couloirs de l'administration. Dans la précipitation, l'inspecteur acceptait de recevoir les personnels en grève, très mal à l'aise, tremblotant au point de ne pouvoir prendre de notes. Il lui était demandé d'abord d'intervenir pour que l'élève soit libéré le plus vite possible. Quant aux réponses à nos demandes, il a parlé de façon méprisante de notre « liste de courses » à propos des revendications, proposant tout de même un poste de surveillant.

Le soir même une réunion était organisée avec les parents, venus nombreux pour affirmer leur solidarité et dénoncer l'attitude irresponsable de la proviseure. La FCPE appelait à une journée école morte, pour les collégiens en particulier dès le mercredi.

Le jeudi 10 novembre, professeurs, parents et élèves se retrouvaient à 250 devant le rectorat, et une délégation conjointe était reçue. Là, le ton était différent de la semaine précédente. Le rectorat reconnaissait qu'il y avait un problème de direction et promettait « un autre interlocuteur » rapidement : nouvelle concession. On nous confirmait l'arrivée d'une infirmière pour le 1er janvier et quelques heures pour pallier l'absence de nombreux cours de philosophie en terminale CFE depuis le début de l'année.

Même s'il y avait des concessions, à mettre sur le compte de la grève, le compte n'y était pas et, dès le lundi suivant, un rassemblement devant le ministère réunissait encore 200 manifestants. On apprenait le même jour que le ministère lâchait la proviseure. La satisfaction chez les grévistes, et au-delà, était grande tant la proviseure avait réussi à cristalliser sur sa personne, depuis des semaines, le mécontentement lié aux conditions de travail.

Mardi 15 novembre, le mouvement était suspendu. Toutes les revendications sont loin d'être satisfaites, en particulier celles concernant les heures de surveillance ou le rétablissement des contrats aidés. Les grévistes sont cependant très satisfaits d'avoir participé à ce mouvement et d'avoir réagi contre la politique de Chatel. Bien conscients aussi que ce qui a été obtenu l'a été par la grève.

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