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EDF : Risque de coupures cet hiver Pour vous chauffer, attendez l'été
Plusieurs responsables (le président du Réseau de Transport d'Électricité, le ministre de l'Industrie, etc.) ont évoqué le risque de coupures d'électricité cet hiver, en cas de températures très basses, du fait de l'arrêt par l'Allemagne de huit de ses réacteurs nucléaires.
Pourquoi cette possibilité d'une panne alors que la France est censée être équipée, et même suréquipée, en réacteurs nucléaires et exporte même du courant ?
Une des raisons est que pour rentabiliser ces réacteurs dès leur construction, le choix a été fait d'installer largement le chauffage électrique. Il n'y a qu'à voir à ce sujet, les publicités de Vivrelec d'EDF, qui propose des primes à ceux qui installent des chauffages électriques. La France est le seul pays d'Europe à avoir opté, à cette échelle, pour une telle solution, les autres pays utilisant beaucoup moins le chauffage électrique, le Danemark l'ayant même interdit.
Lorsqu'on se chauffe au gaz ou au fuel, il y a toujours du combustible en réserve du moment que les citernes et les tuyaux sont remplis, c'est-à-dire en permanence. Mais l'électricité, elle, ne peut être stockée. Il faut donc, à chaque seconde, produire autant d'électricité qu'on en consomme. Or les centrales nucléaires sont de lourds vaisseaux, pas faciles à manoeuvrer et incapables de s'ajuster aux variations rapides de consommations provoquées notamment... par le chauffage électrique aux heures de pointe.
En fait le chauffage électrique ne représente qu'environ 10 % de la consommation d'électricité totale. Mais même si cela n'est pas énorme, cela pose problème. En temps normal on déclenche, en France même, des centrales hydrauliques et thermiques pour faire face à la demande et, quand cela ne suffit pas, on fait appel aux pays voisins. Mais avec la fermeture d'une partie des centrales nucléaires allemandes, il y aura moins de courant disponible, d'abord en Allemagne et, peut-être par contrecoup, en France.
Tout ceci devrait en bonne logique conduire à remettre en cause le chauffage électrique qui est, pour le moment, plus onéreux que le chauffage au gaz.
Mais EDF a choisi surtout d'en profiter pour dire aux consommateurs de l'hexagone « voilà ce qui risque de se produire lorsqu'on arrête des centrales nucléaires dans un pays voisin. Il ne faudrait surtout pas les arrêter chez nous ! ».
Quelques mois après la catastrophe de Fukushima, EDF fait ainsi feu de tout bois pour réhabiliter le nucléaire aux yeux d'un public devenu méfiant. Et l'arrêt des réacteurs allemands en est une occasion. Il n'est pas sûr que cela suffise à redonner confiance à la population, alertée sur les dangers que la gestion capitaliste des centrales fait peser sur leur sécurité.