Groupe PSA Peugeot Citroën : L'annonce de la suppression de 6 800 emplois - les travailleurs expriment leur colère16/11/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/11/une2259.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Groupe PSA Peugeot Citroën : L'annonce de la suppression de 6 800 emplois - les travailleurs expriment leur colère

Mardi 15 novembre, plus de cinq cents travailleurs des usines PSA de la région parisienne sont venus manifester devant le siège social du groupe, avenue de la Grande-Armée à Paris, pour protester contre le dernier plan de la direction annonçant la suppression de 6 800 postes de travail en Europe, soit 10 % des effectifs.

Ce jour-là se réunissait le Comité central d'entreprise qui devait décliner ce plan au niveau français. En France, ce sera la suppression de 5 000 emplois, 1 900 à la production et 3 100 hors production (cadres, ingénieurs, techniciens), dont 900 postes en CDI et 2 200 postes chez les prestataires des bureaux d'études. Le CCE a aussi annoncé la fermeture du centre de pièces de rechange de Melun, où il reste encore 86 travailleurs après les multiples départs forcés (ce que la direction nomme départs volontaires). Ce sera donc pour ceux-ci des licenciements secs.

C'est l'usine d'Aulnay-sous-Bois en Seine-Saint-Denis qui était le site le plus représenté à ce rassemblement. Effectivement, depuis la révélation en mai dernier du projet de la direction de fermer cette usine d'ici la fin de l'année 2012, la résistance s'organise. Régulièrement les travailleurs se réunissent dans les ateliers pour réfléchir à la manière de riposter à la guerre que la direction leur mène. Et de nombreux travailleurs ont choisi de faire grève et de participer à cette manifestation du 15 novembre.

À Aulnay, tous les syndicats y appelaient, sauf deux, CGC et CFTC, qui ont cependant fini par la soutenir. Huit cars ont conduit les centaines de travailleurs au pied du siège parisien pendant que se tenait le Comité central. Plusieurs autres centres de la région parisienne étaient aussi représentés, comme celui de la Garenne-Colombes (centre d'études), les usines de Saint-Ouen, de Poissy, le transporteur Gefco, l'emboutisseur Magnetto.

Des représentants de l'usine de Sevelnord dans le Nord, aussi menacée de fermeture, ont pris la parole et ont annoncé qu'ils organisaient une manifestation le 19 novembre à Valenciennes. Le représentant de Peugeot à Sochaux a aussi salué ce rassemblement. Tous insistaient pour dire la nécessité de se battre tous ensemble, tous syndicats et toutes catégories de travailleurs confondus. Un communiqué de soutien du syndicat CGT de l'usine PSA de Madrid, aussi menacée de fermeture, a été lu.

Il faut empêcher la fermeture d'usines et imposer que le travail soit réparti entre les différents sites. Il faut refuser que certains « crèvent au boulot pendant que d'autres crèvent au chômage », comme l'a dit le représentant de la CGT de PSA Poissy, l'autre grosse usine où une forte augmentation de la production est prévue en même temps que la fermeture de l'usine d'Aulnay. Et c'est tout naturellement que plusieurs représentants syndicaux ont défendu l'idée d'équilibrer équitablement les productions.

Avec ce plan, cette fois directement annoncé par la direction, c'est toutes les catégories de travailleurs du groupe qui sont concernées par les suppressions de postes : ouvriers mais aussi maîtrise, techniciens, cadres, ainsi que ceux qui resteront car ils auront le travail supplémentaire à faire.

Tous ont exprimé leur colère de voir ce groupe riche à milliards -- il a reconnu lui-même avoir 11 milliards de trésorerie -- chercher encore à faire des économies. Cela représente un pactole : c'est bien plus que les 8 milliards d'économies que cherche à réaliser par exemple le dernier plan de Sarkozy ! Et ces milliards se rajoutent aux fortunes, pas forcément connues, amassées par les actionnaires et en particulier par la famille Peugeot depuis des années, accumulant les dividendes généreusement distribués par le groupe.

Devant les milieux patronaux, le PDG de PSA Philippe Varin annonce que le groupe va bien, qu'il investit, qu'il n'a jamais vendu autant de voitures et que son chiffre d'affaires a augmenté de 3,5 % depuis un an. Il pourrait ajouter qu'il a même pu augmenter son propre salaire de 400 % en 2010. Mais cela ne suffit pas, il veut encore « économiser pour financer la croissance », pour reprendre son expression. Mais la seule croissance dont il parle est celle des profits, pas celle de l'économie, sans quoi il ne fermerait pas des usines et ne licencierait pas !

Les pouvoirs publics ont fait semblant de s'émouvoir de tous ces plans de suppressions d'emplois. Plusieurs ministres et Sarkozy lui-même ont dit avoir demandé des explications au PDG. Ils ont fait semblant de croire à ses promesses, par exemple celle de ne fermer aucune usine, pour tenter d'éteindre la colère des travailleurs. Mais il n'y a rien à en attendre.

Dans cette énième crise du capitalisme pourrissant qui n'en finit pas de détruire les emplois pour enrichir une minorité d'actionnaires et de familles bourgeoises, la seule issue peut être une riposte massive et générale des travailleurs. Ce rassemblement était une étape qui doit en préparer d'autres.

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