Ventes à découvert : Guerre à la spéculation ?23/06/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/06/une-2186.gif.445x577_q85_box-0%2C15%2C162%2C225_crop_detail.png

Leur société

Ventes à découvert : Guerre à la spéculation ?

Le 18 mai, dans le but de contrer la spéculation sur la dette des États, la chancelière allemande Angela Merkel avait pour un temps interdit certaines « ventes à découvert à nu » : celles de titres de dette d'États de la zone euro, celles des assurances sur ces mêmes titres en cas de faillite d'un État, ce qu'on appelle les CDS (Credit default swaps), enfin celles des actions de dix établissements financiers allemands. Le gouvernement français se déclarait alors opposé à de telles mesures et le président de l'Autorité des marchés financiers, « gendarme » de la Bourse de Paris (l'AMF) doutait fort de leur efficacité.

Mais le 10 juin, la ministre des Finances, Christine Lagarde, présentait aux députés un projet de loi visant à réguler ces ventes à découvert de titres d'État et de CDS. Et de déclarer que « l'Autorité des marchés financiers pourra dorénavant interdire les ventes à découvert en cas de circonstances exceptionnelles. L'AMF pourra imposer la transparence sur les ventes à découvert. »

En même temps Sarkozy et Merkel demandaient à la Commission européenne et à son président, Barroso, de prendre des mesures dans ce sens, déclarant que le travail de la Commission devrait comprendre la possibilité d'une interdiction au niveau européen des ventes à découvert à nu de toutes ou de certaines actions et obligations et de certains CDS à nu sur titres souverains. La proposition était formulée avec une prudence telle qu'elle laisse aux spéculateurs bien des possibilités, et ce d'autant plus que leur champ d'action est bien plus vaste que les quelques marchés où pourraient être prises des mesures restrictives.

En tout cas toutes ces discussions sur les ventes à découvert montrent l'urgence qu'il y a à s'opposer à un système financier avide de profits qui n'hésite pas à spéculer sur l'effondrement des cours. Elles montrent aussi l'incapacité des organismes étatiques mi-financiers comme l'AMF à exercer un réel contrôle sur ces menées.

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