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Leur société
Les relents nauséabonds des jeux du cirque
Les résultats peu brillants de l'équipe de France en ont déçu plus d'un, à commencer par ceux qui espéraient la bonne affaire, en vendant des quantités de maillots ou en achetant l'image des joueurs.
Ils ont aussi, parmi les réactions de tous ordres, réveillé la hargne d'Alain Finkielkraut, ancien « nouveau philosophe » qui s'afficha post-soixante-huitard avant de trouver son fonds de commerce dans un mélange de mépris à l'égard des milieux pauvres des banlieues populaires, à l'occasion des émeutes qui s'y déroulèrent en 2005, et dans les attitudes racistes fréquentes chez ceux qui veulent nier les causes de la misère.
Invité deux jours de suite sur de grandes chaînes de radio pour donner son avis sur la « crise » que traverserait le « football français », le professeur Finkielkraut a déversé sa bile contre les joueurs, « voyous, arrogants et inintelligents », la « génération caillera » (verlan de « racaille ») qui lui « donne plutôt envie de vomir ». En s'appuyant sur les insultes, malheureusement bien communes et bien misogynes comme la plupart des insultes, proférées par Nicolas Anelka à l'égard du sélectionneur Domenech, Finkelkraut s'est lancé dans une diatribe à prétention sociologique visant la composition de l'équipe, cette « bande de petites frappes » bornées à « l'univers mental de la mafia ».
Le délire médiatique autour de la Coupe du monde et des frasques de l'équipe de France a ainsi fourni à ce professeur de philosophie à l'École polytechnique, qui se targue d'être un « patriote français », animateur d'une émission régulière sur France Culture, l'occasion de dénoncer le « processus de décivilisation à l'oeuvre » lorsque « l'esprit de la cité se laisse dévorer par l'esprit des cités ». Et il assimile dans un même mépris toute la population jeune des « cités », c'est-à-dire des quartiers populaires et délaissés des grandes villes, minés par le chômage.
Celui qui prétend regretter l'époque où il « rêvait avec la génération Zidane » montre bien le même fond réactionnaire qu'en 2005, quand, interviewé après les émeutes des banlieues parisiennes, il se gaussait de « l'équipe de France qui est aujourd'hui black-black-black, ce qui provoque des ricanements dans toute l'Europe »...
Ces relents de racisme antipauvres des banlieues, de racisme tout court, montrent que le grand intellectuel médiatique, malgré ses phrases alambiquées, n'élève pas pour autant le niveau de ses commentaires au-dessus des plus réactionnaires propos de comptoir, et d'une démagogie à la Le Pen.