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Leur société
Travailleurs sans papiers : Des concessions obtenues par la lutte
Depuis trois semaines, plusieurs centaines de travailleurs sans papiers grévistes occupaient les marches, puis le parvis de l'Opéra-Bastille, à Paris, nuit et jour, sous la garde permanente des CRS.
Cette occupation très visible recevait de nombreuses marques de solidarité, financières en particulier, de la part des nombreux passants et touristes. Vendredi soir 18 juin, à l'annonce de concessions du gouvernement, les grévistes ont levé cette occupation, mais d'autres piquets de grève se maintiennent sur des chantiers et des entreprises.
Après huit mois de grève, les 6 000 grévistes d'Ile-de-France vont maintenant déposer leurs dossiers de demandes de régularisation, de même que de nombreux autres travailleurs sans papiers remplissant les nouveaux critères, un peu moins restrictifs qu'auparavant et qui doivent s'appliquer de la même manière dans tous les départements.
Auparavant, pour obtenir leur régularisation, les sans-papiers devaient justifier de douze mois d'activité continue dans les douze derniers mois. Maintenant, d'ici le 31 mars 2011, ils devront justifier de douze mois d'activité dans les 18 mois précédents, et les intérimaires, qui n'arrivaient jamais à remplir cette condition d'un an de travail continu, devront justifier aussi de 12 mois de travail, mais dans les 24 mois précédents et même chez plusieurs employeurs successifs. Enfin, bonne nouvelle pour les grévistes, d'après la CGT, leurs mois de grève seront comptabilisés comme des périodes salariées.
Pour les travailleurs employés dans les services à la personne, où les sans-papiers femmes sont nombreuses, il était quasiment impossible d'obtenir des régularisations. Maintenant, une régularisation deviendra possible avec une promesse d'embauche d'au moins vingt heures par semaine, complétée par d'autres travaux permettant d'atteindre un salaire du niveau du smic.
Ces quelques concessions ne sont qu'un premier pas et elles ne permettront pas de régulariser les centaines de milliers de travailleurs sans papiers qui pourtant assurent des travaux indispensables dans de nombreux secteurs de l'économie. D'autant plus qu'Eric Besson a maintenu la condition scandaleuse de cinq années de présence en France pour pouvoir déposer un dossier, même si tous les autres critères sont remplis ! En imposant cette condition, le gouvernement contribue volontairement à maintenir le travail clandestin, les filières mafieuses, et l'exploitation de travailleurs privés de tout droit.
Une partie des militants qui ont organisé cette grève sont issus de la grève précédente de 2008. Cette nouvelle grève de huit mois a permis à des milliers de nouveaux travailleurs d'apprendre à lutter, à résister. Cela leur permettra certainement, plus tard et encore plus nombreux, d'organiser de nouvelles luttes pour enfin obtenir la régularisation de tous les travailleurs sans papiers, et aussi pour défendre tout simplement leurs droits de travailleurs aux côtés du reste de la classe ouvrière de ce pays, dont ils sont partie intégrante.