Grèce - La grève du 24 février : Les travailleurs n'ont pas à payer la crise03/03/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/03/une2170.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Grèce - La grève du 24 février : Les travailleurs n'ont pas à payer la crise

Mercredi 24 février, en Grèce, la grève générale contre les mesures d'austérité du gouvernement, organisée par les deux confédérations syndicales du public (Adedy) et du privé (Gsee) a été un succès. Des dizaines de milliers de manifestants - de 30 000 à 50 000 - sont descendus dans les rues d'Athènes et bien d'autres dans les grandes villes, dont 7 à 10 000 à Thessalonique, dans le nord du pays.

Les pancartes et les slogans affirmaient : « Nous ne paierons pas leur crise. », « Il faut taxer les riches », « Ne touchez pas à notre Sécurité sociale ». Un fonctionnaire interviewé pendant la manifestation déclarait : « Je fais grève contre les réductions de salaire (...) parce que l'argent a été volé par d'autres et que c'est nous qui allons payer. »

La participation des travailleurs des services publics a été particulièrement importante. Les transports aériens, maritimes et ferroviaires étaient paralysés ; des écoles, des tribunaux, des administrations, des musées étaient fermés ; les journalistes étaient également en grève et les banques, les hôpitaux fonctionnaient au ralenti. Les travailleurs de l'État sont en effet les premiers visés par les mesures d'austérité. C'est sur eux que le gouvernement peut agir immédiatement, et il ne s'en prive pas. Il s'attaque à l'emploi : dans l'enseignement, il ne prévoit que 3 000 embauches au lieu de 6 400 en 2009, son objectif général est de ne remplacer dans la fonction publique qu'un départ en retraite sur cinq. Il s'attaque aux salaires : les primes ou allocations baisseront de 10 % sauf les allocations familiales, avec effet rétroactif au 1er janvier 2010.

Mais tous les travailleurs sont concernés par cette attaque contre les services publics, par le biais du manque de personnel mais aussi parce qu'un projet antérieur a déjà prévu de transférer les dépenses d'aide sociale, d'éducation, de santé aux collectivités locales. On connaît ce genre de « réformes » qui mènent directement à l'augmentation des impôts locaux et à la dégradation des services publics.

Pour les impôts directs, les sommes soumises à dégrèvement vont diminuer de moitié, de 12 000 à 6 000 euros, et les impôts indirects ont déjà augmenté sur les boissons, le tabac, les téléphones mobiles et les carburants.

Quant aux retraites, elles étaient déjà dans la ligne de mire du gouvernement, qui avait décidé de faire passer l'âge moyen de départ de 61 à 63 ans. Il vient d'annoncer que d'ici 2013 tous les départs anticipés seront supprimés et les mises en retraite uniformisées. Cela pénalise entre autres les femmes, et en particulier les mères de famille d'enfants encore mineurs, qui bénéficiaient de quelques avantages.

Chaque semaine apporte un nouveau paquet de mesures, que le gouvernement présente comme une nécessité absolue pour faire face aux problèmes imminents, comme le refinancement de 20 milliards d'euros de la dette arrivant à échéance en avril-mai. Le Premier ministre socialiste, Papandréou, appelle « les hommes et les femmes de Grèce à faire corps avec la cause commune qui est de sauver le pays » et en conclut que « Tout le monde dit oui » !

Le grève du 24 a montré qu'en fait un bon nombre au moins disent « non ». Les syndicats, du privé comme du public, dont la direction appartient au Pasok, le parti de Papandréou, n'ont pu que se démarquer, en réclamant surtout que le gouvernement n'en fasse pas plus. Mais le 2 mars ce gouvernement a annoncé non seulement le projet sur les retraites, mais des coupes dans le quatorzième mois des fonctionnaires. Le syndicat du secteur public, Adedy, a appelé à des débrayages de quatre heures le 8 mars et à une grève générale le 16 mars.

On ne peut dire si les travailleurs s'en saisiront pour entamer une riposte d'ampleur contre ces attaques violentes, qui risquent de faire basculer dans la misère une grande partie de la population. Ce serait la seule solution et, pour cela, les ouvriers, les employés, tous les salariés du public comme du privé ne peuvent compter que sur leurs propres forces. Mais elles sont grandes.

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