Santé : 200 médicaments encore moins remboursés03/03/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/03/une2170.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Santé : 200 médicaments encore moins remboursés

Deux cents médicaments ne seront bientôt plus remboursés qu'à 15 %, au lieu de 35 %. Quand, en octobre dernier, le gouvernement a inventé ce nouveau taux de remboursement, cent-dix médicaments étaient dans le collimateur. Quatre mois plus tard, il y en a près du double.

La raison invoquée est restée la même. On nous dit que, selon les « critères médicaux » de la Haute autorité de santé, ces médicaments présenteraient une efficacité « faible » ou « insuffisante ».

La liste est longue... Des crèmes contre les douleurs rhumatismales et d'autres contre l'herpès, des médicaments contre les contractures musculaires, le rhume, les douleurs, des vasodilatateurs cérébraux largement utilisés par les personnes âgées, etc. Bref de nombreux traitements, indispensables pour tous ceux à qui ils sont prescrits, vont être encore un peu plus réservés à ceux qui ont les moyens de les payer. Comme s'il s'agissait de petites folies qu'on s'offre pour le plaisir !

Près de 10 % de la population n'a pas de mutuelle, pas de complémentaire santé, parce que c'est trop cher. Avec des médicaments pour lesquels il faudra débourser 85 % du prix de vente en pharmacie, ils seront encore un peu plus nombreux ceux qui renonceront à se soigner. Ils seront aussi de plus en plus nombreux à devoir renoncer à leur mutuelle ou leur assurance complémentaire. En octobre dernier, quand le gouvernement a inventé ce taux de remboursement à 15 %, la Mutualité Française a appelé ses membres à ne pas rembourser ces produits. Renvoyant le gouvernement à ses contradictions et ses incohérences, elle lui opposait alors que, si ces médicaments étaient réellement « inefficaces », la Sécurité sociale n'avait aucune raison de les rembourser, même pas à faible taux ! Quoi qu'il advienne, si des mutuelles acceptent de prendre en charge ces médicaments, elles augmenteront leurs tarifs et deviendront inaccessibles à une partie encore plus importante de la population.

La liste des médicaments publiée, les laboratoires pharmaceutiques ont un mois pour contester. Puis, ils auront un délai pour écouler les stocks portant des vignettes à 35 %. Le gouvernement prend des gants avec eux. Mais ils pourront aussi, car c'est leur droit, renoncer à tout remboursement. Le prix du médicament sera alors « libre ». Ils pourront le commercialiser au prix qu'ils fixeront, en changeant simplement le nom et la boîte. Comme à chaque diminution du taux de remboursement, les laboratoires pourront estimer qu'ils gagneront plus, en vendant moins mais à une clientèle qui peut payer. Quant à ceux qui ne le peuvent pas, ils se soigneront moins bien ou plus du tout.

Et tout cela pour une économie espérée pour les caisses de la Sécurité sociale de 145 millions d'euros, soit à peine 1 % du montant total du remboursement des médicaments par l'assurance maladie, qui s'élevait en 2008 à 15 milliards d'euros.

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