Heuliez - Cerizay (Deux-Sèvres) : Le repreneur prend l'oseille et se tire03/03/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/03/une2170.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Heuliez - Cerizay (Deux-Sèvres) : Le repreneur prend l'oseille et se tire

En juillet 2009, Heuliez, constructeur de voitures électriques, était menacé de faillite et ses 1 014 salariés condamnés à pointer au chômage. Les patrons, la famille Queveau, se refusaient à prendre sur les profits accumulés depuis des années pour investir dans l'entreprise et sauver les emplois.

Mais Zorro était arrivé en la personne de Louis Petiet, dont la société BKC (Bernard Krief Consulting), soi-disant spécialisée dans la reprise des entreprises en difficulté, acceptait d'investir 16 millions d'euros dans Heuliez.

À l'époque, de Ségolène Royal, présidente de la Région Poitou-Charentes, à Jean-Pierre Raffarin, sénateur de la Vienne, tous les ténors locaux avaient applaudi à cette solution, qui satisfaisait d'autant plus Louis Petiet que la Région et le gouvernement mettaient respectivement cinq et dix millions d'euros dans l'affaire. Heuliez était soi-disant « sauvé », et à un an des élections régionales, Ségolène Royal et le gouvernement pouvaient jouer à qui était le meilleur défenseur de l'emploi, même si dans l'affaire seuls 606 emplois étaient maintenus, soit moins de la moitié de l'effectif total.

Mais il n'aura pas fallu attendre longtemps pour savoir que penser de ce « sauvetage ». Louis Petiet n'a finalement versé qu'un million d'euros sur les 16 promis et il a annoncé qu'il ne verserait pas un centime de plus. Christian Estrosi, sans rire, l'a félicité d'être « raisonnable » et a annoncé qu'il avait déjà trouvé un autre repreneur, le fonds d'investissement turc Brightwell, qui investirait vingt millions d'euros. Mais rien n'est encore fait, car Louis Petiet a annoncé son intention de faire monter les enchères et de vendre très cher les 80 % qu'il détient dans Heuliez, en annonçant par exemple pour 2010 des prévisions de vente de 150 millions d'euros, au lieu des 90 millions annoncés.

En cette veille d'élections régionales, chacun s'empresse d'annoncer une solution trouvée pour Heuliez. Et tant pis si le « repreneur » providentiel s'avère une fois de plus un simple margoulin, à la recherche d'une bonne affaire. Les travailleurs d'Heuliez ne peuvent se contenter de ces promesses et ils devront compter avant tout sur leurs propres forces pour imposer, quoi qu'il arrive, la garantie de leur emploi et de leurs salaires.

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