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Dans les entreprises
Renault - Le Mans : La prime qui fâche
Jeudi 17 février, chez Renault au Mans, un tract syndical faisait état du courrier interne du directeur général de Renault adressé aux cadres dirigeants du groupe.
Il fit l'effet d'une petite bombe dans les ateliers. Chaque travailleur faisait ses comptes, ce qui était facile : 11 euros brut d'augmentation de salaire (soit une demi-baguette de pain par jour) et une prime de 500 euros versée en deux fois pour l'année 2010, cela ne tenait pas la route à côté des 10 000 euros de moyenne pour les cadres dirigeants.
Un fort sentiment d'injustice commençait à se répandre, tout le monde ne parlant que de cela. Dès le lundi 21 février, la direction sortait un journal interne, Média, pour tenter de désamorcer la situation. En fait, ce Média qui niait la chose tout en la reconnaissant implicitement n'a fait que renforcer l'écoeurement et la colère.
Jeudi 22 février, la CGT et FO appelaient à débrayer 59 minutes minimum avec rassemblement à l'entrée de l'usine. À 9 h 30, malgré la pluie, nous nous sommes retrouvés à près de 350 de l'équipe du matin et de la normale. L'après-midi, c'est plus de 250 ouvriers qui débrayaient, les ateliers de production étaient quasiment vides. C'était la première fois depuis quelques années, depuis le conflit sur la flexibilité au printemps 2007, que l'on se retrouvait si nombreux à débrayer ensemble. Il faut dire que l'usine ne compte plus aujourd'hui que 2 400 salariés, dont moins de 1 200 ouvriers répartis sur trois équipes.
Après les prises de parole, la CGT proposait de remettre ça dès lundi 1er mars, jour d'une rencontre entre le directeur général de Renault et les syndicats. FO ne s'associait pas, voulant attendre le résultat de la rencontre direction-syndicats.
Lundi 1er mars, l'équipe de nuit débrayait en fin de nuit et une partie des grévistes attendaient l'arrivée de l'équipe du matin à la porte de l'usine, où un tract était diffusé appelant à débrayer à 9 h 30. Nous nous sommes retrouvés à environ 200 devant le bâtiment de la direction dans la matinée. L'après-midi c'était 120 travailleurs qui débrayaient aussi.
Les choses en étaient là. Mais ce qui est sûr c'est que, si la direction voulait fâcher son monde, elle a réussi son coup...