PSA Peugeot-Citroën - Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) : La direction sème les graines de la colère03/03/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/03/une2170.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

PSA Peugeot-Citroën - Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) : La direction sème les graines de la colère

Alors que l'usine Peugeot-Citroën d'Aulnay tourne à plein régime, les chiffres de l'intéressement et de la participation 2009 ont des allures de provocation. Pour la deuxième année consécutive, la participation sera, en 2009, de 26 euros brut. Quant à l'intéressement, il est lui carrément de zéro euro.

Ces chiffres sont particulièrement mal vécus dans l'usine, où les ouvriers n'en peuvent plus de travailler dans des conditions très pénibles. Depuis le début de l'année à Aulnay, les samedis sont travaillés. Chaque équipe, une semaine sur deux, travaille donc six jours dans la semaine, soit 42 heures. Et cela ne suffit pas à la direction, qui demande même à des volontaires de l'équipe du soir de revenir le samedi matin !

L'usine d'Aulnay produit des petites voitures, les C3, qui se vendent particulièrement bien et ont profité à fond de l'effet prime à la casse. Incapable de sortir la production, après avoir licencié à tour de bras pendant des années, le patron a massivement recours aux travailleurs précaires - il y a en ce moment dans l'usine près de 900 intérimaires, 150 travailleurs en contrat de professionnalisation, et 350 ouvriers « prêtés » par d'autres usines du groupe. Il faut travailler toujours plus vite, avec pour conséquence inévitable une multiplication des accidents de travail - il y a une quinzaine de jours, deux accidents ont eu lieu en une semaine, dont un très grave, un ouvrier ayant été renversé par un car à fourches.

Dans ce contexte, l'annonce de la somme ridicule allouée à la participation, ainsi qu'une augmentation annuelle si minuscule (15 euros) que la plupart des ouvriers, en lisant leur feuille de paye de février, ne l'ont même pas vue, ont de quoi choquer.

La direction justifie ses décisions en disant qu'elle a perdu de l'argent en 2009, plus d'un milliard d'euros, prétend-elle. Mais quelle raison les ouvriers auraient-ils de faire confiance à ces chiffres truqués ? Les années précédentes, PSA vendait quasiment le même nombre de voitures et faisait des profits d'un milliard d'euros : dans les dix dernières années, c'est plus d'une dizaine de milliards de profits qui sont allés grossir les poches des actionnaires. Où est passé cet argent ? Où sont passés les quelque trois milliards que le gouvernement a gracieusement offerts à PSA l'an dernier, sous prétexte « d'aide à l'industrie automobile » ? Parler d'aide aux actionnaires de l'automobile aurait eu, dans ce cas, le mérite d'être plus honnête.

Les patrons de PSA n'ont pas osé, comme chez Renault, offrir 15 000 euros de prime à leurs hauts cadres méritants. Mais les ouvriers sont tout de même bien conscients que, vu le rythme de travail, il se vend des voitures, beaucoup de voitures. Et l'idée devra faire son chemin qu'un jour il va bien falloir que nous allions réclamer notre dû.

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